« Je ne suis qu’une femme » – par Juliette Meyer

« Retourne dans la cuisine, »

« C’est à toi de faire le ménage, »

Combien de fois avez-vous entendu ces phrases-là ? Trop souvent. Nous, jeunes femmes, on nous dit aussi « Comment ça, tu ne veux pas d’enfants ? Non mais t’inquiète pas, ça viendra ». Mais avez-vous pensé une seconde à ce que l’on veut réellement ? Ce genre de remarques persiste. Toutes les actions pour libérer les femmes ne semblent pas toujours avoir porté leurs fruits, car certains (et même certaines) ne comprennent pas qu’une femme peut très bien vivre sa vie sans homme et peut faire ses propres choix comme n’importe quel humain.

« Non mais calme-toi, c’est pour rire. »

Ah oui ? Ça m’a l’air plutôt sérieux quand tu fais des remarques comme celle-ci à ta blonde. Et même si c’est pour rire, tu y as quand même pensé et tu l’as dit. Oui, réfléchir avant de parler est plus important qu’on ne peut le croire. Encore aujourd’hui j’entends cette phrase, que beaucoup ont dû entendre lorsqu’elles haussent un peu le ton :

« Elle est chiante aujourd’hui, elle doit avoir ses règles. »

Qu’on mette les choses au clair : n’importe qui peut hausser le ton, être énervé.e, peu importe son sexe et son genre. C’est franchement ridicule d’avoir à défendre cela encore aujourd’hui. D’ailleurs, même si un comportement est lié aux hormones des règles, peut-être serait-il temps de passer outre ce tabou et d’arrêter de stigmatiser les menstruations ?

J’entends déjà les gens dire :

« C’est bien beau de mettre en valeur les femmes, mais l’égalité ça passe aussi par la valorisation des hommes, non ? »

Et bien j’y viens.

« T’es un homme ou pas ? Bah arrête de pleurer alors. »

Messieurs, je m’adresse à vous : pleurez. Criez. Énervez-vous à juste titre, car vous avez le droit de montrer vos émotions sans être jugés, tout comme une femme peut le faire sans être traitée d’hystérique, de dramatique, de folle. Les émotions ne sont pas une honte, elles ne le sont pour aucun genre. Tout comme le physique d’ailleurs.

« T’as vu comment elle s’habille? »

« Tu veux plaire à qui aujourd’hui ? »

« Eh mademoiselle, t’es bonne ! »

« Non mais cette fille, elle se respecte pas. »

Ah bon ? Parce qu’elle a une jupe trop courte elle se fait humilier, parce qu’elle porte trop de maquillage elle se fait juger, mais qui êtes-vous pour décider de ce qui est trop ? Il faut comprendre qu’une femme, tout comme un homme, ne s’habille ni pour recevoir un jugement, ni pour plaire à quelqu’un. Dans le même genre, on entend :

« Sois un homme ! »

Quand il s’agit de montrer une force physique ou mentale. Mais pourquoi un homme serait-il toujours fort ? Pourquoi une fille ne pourrait-elle pas déplacer une table lorsque le professeur a « besoin d’un homme fort ? » Sans oublier les critiques du style :

« T’as pas de muscles ? Tu ne vas pas à la salle ? Les filles ne voudront jamais de toi ! »

Ou les variantes pour les jeunes filles avec peu de poitrine :

« Les gars préfèrent des filles avec des formes, tu sais. »

Je sais surtout qu’il s’agit d’une généralisation qui ne devrait pas avoir lieu. L’acceptation de son physique est assez difficile dans la société du XXIe siècle et le sexisme n’aide vraiment pas. On a tou.te.s un corps différent et des complexes différents, donc encore une fois, ne serait-ce pas plus simple si l’on respectait les différences de chacun.e ?

Outre ce qui est explicite, ces dernières années, il y a beaucoup de choses qui rabaissent indirectement la femme, qu’on ne remarque pas immédiatement, par exemple les réseaux sociaux qui nous disent constamment que nous ne sommes pas assez belles. On nous montre toujours des produits pour nous « réparer » : un fond de teint particulièrement couvrant puisque nous sommes moches, des programmes minceurs puisque nous sommes trop grosses, et j’en passe.

Les magazines semblent également vouloir nous montrer, entre les photos de mannequins en sous-poids, retouchées pour amincir et les « programmes détox », que nous devons être fines pour être belles et pour plaire. D’une part, des régimes stricts pour perdre du poids rapidement sont très dangereux pour la santé et d’autre part, une femme n’a absolument pas besoin d’être mince pour être belle, comme le mouvement émergeant « body positive » le montre.

De plus, ce culte de la minceur, devenu un standard de beauté dans les pays occidentaux, peut entraîner une obsession pour la nourriture pouvant être diagnostiquée, qui peut avoir de graves conséquences, parfois fatales, et qui ne devraient en aucun cas être négligées. La prévention de ce genre de cas passe par l’acceptation de soi et les médias y jouent un grand rôle. Le problème est que la société encourage cette image des femmes, ne leur laissant pas de place à la liberté d’être qui elles veulent.

« Féminisme : mouvement militant pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société. » (Dictionnaire Larousse)

J’ai réalisé qu’une grande majorité de la population occidentale (je ne peux me baser que sur mes connaissances ici) pense que le féminisme est extrême, vise un matriarcat et est en grande partie centré sur la haine des hommes, mais je me dois de mettre ceci au clair. Le mouvement qui vise la supériorité des femmes par rapport aux hommes s’appelle la misandrie. J’ai du mal à croire qu’encore en 2020, la définition ne soit pas claire. Que ce soit un mouvement militant ou des idées, le féminisme désigne l’égalité des sexes, c’est-à-dire un respect universel, et le respect, tout comme la politesse, sont des normes qui comptent pour tout le monde.

Historiquement, la femme a toujours été considérée comme inférieure, mais la nature n’a pas avantagé un sexe par rapport à l’autre. Par ailleurs, non, je ne suis pas une prostituée si j’ai beaucoup de relations sexuelles et non, je ne suis pas un objet prêt à être utilisé pour ton propre plaisir quand tu en as envie. Je suis une femme, un être humain avec une raison, des réflexions, des volontés, des sentiments, des capacités… comme les hommes en fait. Les hommes sont égaux aux femmes, les femmes sont égales aux hommes. Ils et elles devraient avoir les mêmes droits, les mêmes opportunités, les mêmes possibilités de métiers, les mêmes salaires. Alors, comment expliquez-vous les proportions de filles en branche scientifique à l’université ? Et les différences de salaire encore flagrantes ?

Enfin, des sujets comme l’avortement, un sujet ouvertement polémique, la censure du corps féminin, le culte de la femme sans poils, les violences à caractère sexuel, le harcèlement de rue et au travail, le tabou autour des règles, font également partie de ce que l’on catégorise dans le sexisme. Il y a encore trop de différences sociales entre les deux sexes, et c’est un problème que tous et chacun peut aider à réduire.

En fait, les temps changent. Il serait temps de changer les mentalités.

Tout ceci est important, mais faites-en ce que vous voulez, puisqu’après tout,

je ne suis qu’une femme.

Révisé par Gabrielle Séguin


Références

Larousse. (s. d.). Féminisme. Repéré à https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/f%C3%A9minisme/51566


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