Les facteurs de risque et de protection prénatals – Par Sandrine Beaudet

La grossesse est une période marquante de la vie, notamment en raison des nombreux changements qu’elle engendre. Effectivement, bien que l’arrivée d’un bébé puisse être excitante, elle peut également amener de nombreuses préoccupations chez le.s futur.e.s parent.e.s. Plus précisément, la grossesse peut être un événement stressant, car dorénavant, tout ce que fait la personne enceinte affecte également son bébé. En ce sens, afin de bien adapter leur mode de vie et favoriser un développement intra-utérin optimal, le.s futur.e.s parent.e.s doivent être conscient.e.s de plusieurs enjeux, dont les facteurs de risque et de protection, pouvant influer sur le déroulement de la grossesse ainsi que sur le développement de leur bébé (Gouvernement du Canada, 2022).

Facteurs de risque

L’alcool

L’alcool est un agent tératogène qui contribue à la mort cellulaire des fœtus et qui peut avoir des répercussions à long terme sur le développement fœtal. Cela s’explique par la facilité pour l’alcool d’accéder au placenta et aux organes du bébé (Chung et al., 2021).  En effet, la littérature démontre que « […] l’alcool peut nuire à un ovule avant même l’ovulation ou pendant son voyage de la trompe de Fallope vers l’utérus » (Boyd et Bee, 2017, p. 85). L’une des conséquences les plus connues de l’exposition prénatale à l’alcool est le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF), qui mène à des troubles développementaux au niveau physique, neurologique et comportemental. En effet, le TSAF peut occasionner des retards de développement, des dysfonctions du système nerveux, des difficultés académiques, etc. (Chung et al., 2021). Plus précisément, les enfants qui présentent des troubles liés au TSAF tendent à avoir un cerveau de plus petite taille, un nez plat et à être plus petit.e.s que la moyenne. Étant donné qu’iels ont souvent un cerveau plus petit, il n’est pas rare qu’iels présentent également une déficience intellectuelle légère (Boyd et Bee, 2017). Par ailleurs, il semblerait que le degré d’impact varie en fonction de nombreux facteurs, notamment le niveau de consommation, le type de cellule qui absorbe la substance ainsi que le stade de développement du fœtus. Au niveau développemental, l’exposition prénatale à l’alcool peut affecter directement certains organes tels que les organes cardiaques, endocriniens, rénaux et reproducteurs. Il peut en résulter des atteintes et maladies, comme le diabète, qui vont accompagner l’enfant tout au long de sa vie. Au niveau de la puberté, l’exposition à l’alcool dans l’environnement intra-utérin peut amener des retards pubertaires et même une faible qualité du sperme chez l’adolescent.e, ce qui peut éventuellement nuire à la fertilité (Chung et al., 2021).

Le tabac

La littérature démontre que l’exposition directe ou indirecte à la fumée représente un facteur de risque prénatal. En effet, plusieurs complications peuvent survenir avant, pendant, et même après l’accouchement. Le décollement du placenta, la fausse couche, le faible poids à la naissance ainsi que le syndrome de mort subite du nourrisson en sont des exemples (Gouvernement du Canada, 2022). Des études révèlent que « [l]es fœtus des fumeur[.euse.s] ont une croissance intra-utérine plus lente et, à la naissance, leurs bébés pèsent en moyenne 225g de moins que ceux des non-fumeur[.euse.s] » (Boyd et Bee, 2017, p. 85). Cela s’explique par le fait que la grossesse représente une période critique du développement fœtal. D’autres recherches démontrent une relation entre l’exposition prénatale au tabac et le développement de troubles externalisés dès l’enfance tels que l’hyperactivité, des troubles comportementaux ainsi que des troubles liés à la socialisation. La présence d’agressivité, d’impulsivité et d’opposition se manifeste à l’adolescence en plus des troubles spécifiques à l’enfance (Tien et al., 2020).

Violence conjugale

Les recherches démontrent qu’à travers le monde, une femme sur trois est victime de violence physique et/ou sexuelle au cours de sa vie. Or, les formes de violence peuvent avoir des répercussions à long terme sur le développement de l’enfant. En effet, il pourrait y avoir une association entre la violence prénatale et le développement subséquent de troubles internalisés et extériorisés. Il semblerait qu’à un an, un.e enfant dont le.la parent.e a été exposé.e à des épisodes de violence durant la grossesse aurait des risques élevés de présenter des troubles de comportement externalisés. À deux ans, les enfants présenteraient davantage de troubles internalisés, notamment l’anxiété et la dépression. Toutefois, il semblerait que l’influence de la violence prénatale sur le comportement ne persisterait pas après l’enfance. En effet, une étude effectuée auprès d’adolescent.e.s de 16 ans n’est pas parvenue à démontrer une association entre ces deux variables (Tien et al., 2019).

Facteurs de protection

Soutien du.de la partenaire

Tel que mentionné précédemment, le stress occasionné par la grossesse peut s’avérer néfaste pour le futur bébé. Or, un bon support de la part de l’entourage, plus précisément du.de la partenaire, peut contribuer à réduire le stress ressenti. Le fait de se sentir accompagné durant cette période d’adaptation contribue à augmenter le sentiment de bien-être chez la personne enceinte. Par exemple, être accompagné lors de rendez-vous prénataux ou encore obtenir de l’aide dans les tâches de la vie quotidienne (ménage, lessive, préparation de repas, etc.) permet d’alléger la conscience des parent.e.s (Gouvernement du Canada, 2022).

Activité physique

Il est connu que l’exercice physique est au centre d’un mode de vie sain (Gouvernement du Canada, 2022). Or, il semblerait que plus ou moins 60 % des femmes enceintes optent pour l’inactivité prénatale, ce qui contribue à augmenter le risque de complications (Filhol & al., 2014). Toutefois, les bienfaits de l’activité physique durant la grossesse sont multiples tant pour le bébé que pour la personne qui le porte. Pour iel, des périodes d’activité physique modérée tous les jours contribuent à assurer un meilleur contrôle du poids, des fonctions cardio-respiratoires, du sommeil ainsi que de l’humeur, notamment en diminuant les risques de souffrir d’épisodes dépressifs (Filhol et al., 2014 ; Gouvernement du Canada, 2022). L’anxiété et la dépression représentent les psychopathologies les plus rapportées par les mères durant la grossesse (Tien et al., 2019). Selon le gouvernement du Canada, une femme sur dix est affectée par la dépression durant la grossesse (Gouvernement du Canada, 2022). Or, en plus des bienfaits de l’activité physique sur la santé physique, les effets positifs sur la santé mentale sont considérables. Il est crucial d’assurer une stabilité émotionnelle durant une grossesse, étant donné que plusieurs complications, telles que la prématurité, le faible poids à la naissance ainsi que des comportements intériorisés et extériorisés, peuvent être causées par des affects négatifs (Boyd et Bee, 2017; Tien et al., 2019).

Alimentation saine

La littérature rapporte qu’une saine alimentation durant la grossesse est bénéfique tant pour le.la parent.e que son bébé. En effet, bien s’alimenter contribue à réduire les risques associés à la grossesse, en plus d’optimiser les chances que le bébé naisse en bonne santé. D’une part, la prise d’acide folique est très recommandée pour éviter des problèmes développementaux au niveau du tube neural. D’autre part, il est très important que la personne enceinte ait une alimentation équilibrée tout au long de sa grossesse afin de réduire les risques de mortalité infantile, de faible poids à la naissance, de prématurité ainsi que d’autres complications qui peuvent perdurer même après l’accouchement. Or, la malnutrition affecte également le développement du cerveau, il est donc nécessaire d’assurer un bon apport calorique (Boyd et Bee, 2017).

Conclusion

En conclusion, puisque le bébé se développe au sein de l’environnement intra-utérin, il est crucial, pour la personne qui le porte, de bien adapter son mode de vie afin de favoriser les conditions optimales au développement normal du fœtus, qui est très vulnérable aux différents agents tératogènes lors de cette période (Boyd et Bee, 2017).

Texte révisé par Emilia Cabrera Mallette

Références

Boyd, D. et Bee, H. (2017), Les âges de la vie (adapté par J. Andrews, C. Lord et F. Gosselin, 5e éd.). Pearson; Éditions du Renouveau Pédagogique. 

Chung, D. D., Pinson, M. R., Bhenderu, L. S., Lai, M. S., Patel, R. A., & Miranda, R. C. (2021). Toxic and Teratogenic Effects of Prenatal Alcohol Exposure on Fetal Development, Adolescence, and Adulthood. International Journal of Molecular Sciences22(16). http://dx.doi.org/10.3390/ijms22168785 

Filhol, G., Bernard, P., Quantin, X., Espian-Marcais, C. et Ninot, G. (2014). Activité physique durant la grossesse : point sur les recommandations internationales [International recommandations on physical exercise for pregnant women]. Gynécologie obstétrique et Fertilité, 42(12), 856-860. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1297958914002823?via%3Dihub 

Gouvernement du Canada. (2022). Votre guide pour une grossesse en santé. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/promotion-sante/grossesse-sante/guide-grossesse-sante.html 

Tien, J., Lewis, G.D. et Liu, J. (2020). Prenatal risk factors for internalizing and externalizing problems in childhood. World Journal of Pediatrics, 16, 341–355. https://doi.org/10.1007/s12519-019-00319-2 

Wildpixel. (2019). Alcohol and Pregnancy [image en ligne]. iStock. https://www.istockphoto.com/photo/alcohol-and-pregnancy-gm1138086244-303701921


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