Le soleil plombe de mille feux dans la chambre à coucher. Encore enroulée dans les draps de son lit, Milène ouvre les yeux tranquillement. Du coin de l’œil, elle jette un regard vers son cadran : 7h51. Elle soupire fortement avant de refermer les yeux et de se blottir à nouveau dans la chaleur de son lit. Trois heures. Milène a dormi trois heures. Même si elle a commencé sa routine de nuit à 20h, même si elle a laissé son cellulaire dans la pièce d’à côté, même si elle a déposé sa tête sur l’oreiller et fermé ses yeux vers 20h15, Milène a dormi 3h consécutives. Sa chambre est vide. Son mari n’est plus dans le lit. Elle entend les oiseaux qui chantent dans l’arbre près de sa fenêtre. Elle prend un grand respire avant de se redresser et de s’asseoir sur le bord du lit. C’est la cinquième semaine d’affilée que Milène souffre d’insomnie, que Milène se réveille aux petites heures du matin couverte de sueur, les draps trempés collés sur son corps humide. Sa tête raisonne, son front est encore mouillé. Doucement, Milène prend le temps de se redresser sur son lit. Tout en déposant tranquillement ses pieds dans ses pantoufles, elle profite des dernières minutes de calme pour trouver tout au fond d’elle l’énergie pour entamer sa journée. Elle ouvre la porte délicatement et quitte la pièce. Ses pas sont lourds, sa tête douloureuse. En peu de temps, elle se trouve dans la salle à manger, accompagnée de sa fille et de son mari. Elle prend place à la table de cuisine, s’assoit sur la chaise à l’opposé de son enfant. Les cuisses de Milène sont inconfortables dans son pyjama trop serré. Ce pyjama qui pourtant lui faisait comme un gant la saison passée. Devant elle, sa fille lui sourit. Entre deux bouchées de céréales, Justine raconte à sa maman tous les détails du rêve qu’elle a fait la nuit dernière. Milène écoute, sourit, rigole. Mais, plus le temps avance, plus Justine devient agitée, excitée par le contenu de son histoire. Sa maman la regarde, mais son sourire a disparu, l’impatience commence à monter. Comme si elle avait pu le sentir, Justine s’enfarge dans ses gestes et fait renverser le contenu de son bol sur la table de cuisine. D’un bond, Milène se lève et hausse le ton sur sa petite de 8 ans. Son mari, dans le salon, se lève à son tour et vient se joindre à la scène. Lorsqu’elle sent la main de son conjoint dans son dos, Milène se calme enfin. Elle baisse le ton et marche rapidement en direction de la cuisine pour trouver de quoi essuyer le dégât. Aussitôt, les pleurs de sa fille se font entendre. Aussitôt, le regret de Milène se fait sentir. Elle ne sait pas ce qui cloche chez elle. Elle est irritable, à bout de nerfs, impatiente. Mais malgré les efforts et les changements qu’elle apporte à son quotidien, rien ne semble changer. Rien ne semble vouloir revenir à la normale.
Âgée de 51 ans, Milène est aux prises par une période difficile de la vie des femmes : la ménopause. En effet, il s’agit d’un phénomène naturel et obligatoire pour toutes les personnes ayant un système reproducteur féminin, qui intervient généralement aux alentours de 50 ans, ou plus généralement entre 45 et 55 ans (l’Assurance Maladie, 2023). La ménopause est le terme scientifique utilisé pour décrire la période où les ovaires cessent naturellement de produire les hormones nécessaires au cycle menstruel, soit la progestérone et l’œstrogène. Elle peut être caractérisée comme officiellement installée lorsque les règles sont absentes depuis un an au minimum (Société canadienne du cancer, 2024).
Avant tout, il faut comprendre que le vieillissement du système reproducteur féminin se fait en quelques étapes. D’abord, la préménopause a une durée d’un an et suit directement la fin des premières règles. Ensuite, l’étape de la ménopause qui dure quelques années et qui est caractérisée par les modifications du cycle menstruel et par des règles rares et irrégulières, voire complètement absentes. Et finalement, l’étape de la postménopause qui dure le reste de la vie (Pinkerton, 2023). Il est important de noter que tout comme le cycle menstruel, l’arrivée de la ménopause et des symptômes qui s’ensuivent peuvent varier d’une personne à l’autre. Ceci dit, les symptômes les plus populaires sont la survenue de frissons, de sueurs abondantes et de tremblements, accompagnée d’une impression de vertige et d’une brusque sensation de chaleur intense, montant du torse jusqu’au visage, suivie d’une rougeur apparente. Ceux-ci peuvent également inclure des palpitations, de l’irritabilité et de la fatigue (l’Assurance Maladie, 2023). Le symptôme caractéristique de la ménopause est l’apparition de bouffées de chaleur. Celles-ci sont normalement courtes, ne durent rarement plus de quelques minutes, mais peuvent survenir à toutes les heures de la journée ainsi que de la nuit. Même si la majorité de ses symptômes sont physiques, l’environnement et la consommation de certains aliments peuvent les empirer. Par exemple, les bouffées de chaleur peuvent être accentuées lorsque l’individu fait de l’exercice, vit une émotion forte ou boit simplement un verre d’alcool (l’Assurance Maladie, 2023). D’autres symptômes moins communs valent aussi la peine d’être mentionnés. C’est le cas pour les infections urinaires fréquentes, caractérisées par des fuites urinaires ou des envies récurrentes d’aller uriner. Les douleurs articulaires sont aussi rares, mais pas impossibles (l’Assurance Maladie, 2023). Peu importe les symptômes présents, toutes les personnes ayant un système reproducteur féminin devront un jour ou l’autre traverser cette épreuve remplie de changements. Mais qu’en est-il des possibilités de traitements ?
Tout d’abord, il faut comprendre que les traitements de la ménopause sont symptomatiques, c’est-à-dire qu’ils visent à réduire les symptômes. Comme mentionné précédemment, il s’agit d’une étape normale et obligatoire pour toutes les femmes ; aucun médicament ou traitement ne permettrait d’éviter la ménopause. C’est pour cette raison qu’on se concentre sur la réduction des symptômes et qu’on s’efforce d’assurer un niveau de confort pour celles qui en souffrent (Pinkerton, 2023). Plusieurs types de traitement peuvent être offerts, mais le plus populaire est l’hormonothérapie. Il s’agit d’un traitement permettant de réduire les symptômes en administrant des doses d’œstrogènes, de progestérone ou des deux. L’administration de ces hormones permet de contrer le manque naturel et ainsi diminuer radicalement les symptômes comme les bouffées de chaleur, les troubles associés au sommeil et la perte osseuse pouvant mener à l’ostéoporose. Une fois de plus, chaque option de traitement doit être appropriée à l’individu. Les doses, la voie d’administration ainsi que la durée de traitement peuvent varier (Pinkerton, 2023). Ces traitements ne sont pas sans risques. Certains cas de cancer du sein, de cancer de l’endomètre, de maladies cardiovasculaires et de démence ont été détectés à la suite de traitements hormonaux de la ménopause (Pinkerton, 2023). Rassurez-vous, tout comme pour la pilule contraceptive, ces effets doivent être mentionnés, mais ne se produisent que rarement.
Récemment, les hormones bio-identiques sont d’une popularité grandissante. Il s’agit d’hormones à base de plantes synthétisées en laboratoire. À la base, les plantes ne contiennent pas d’œstrogène ni de progestérone. Toutefois, celles-ci ont des composés que l’on peut modifier sur le plan chimique afin d’obtenir des dérivés identiques aux hormones humaines. Ce sont ces hormones qu’on nomme « bio-identiques ». Malgré l’intérêt prononcé des femmes et personnes ayant un système reproducteur féminin à l’égard de ce produit, il s’agit d’une pratique encore toute jeune et loin d’être parfaite. Les questions à son sujet sont nombreuses et les réponses encore trop vagues. Une chose est sûre, peu importe leur provenance, bio-identiques ou non, les traitements avec hormones fonctionnent tous de la même façon, soit en activant les récepteurs hormonaux qui ne sont plus alimentés naturellement par le corps (Société canadienne du cancer, 2024).
Encore aujourd’hui, plusieurs de nos questions sur la ménopause restent sans réponse. Même s’il s’agit d’un passage obligé pour toutes les femmes, les effets secondaires ne méritent pas d’être endurés sans outils pour les diminuer. Peu importe duquel il s’agit, sachez qu’un traitement approprié pour vous existe. Malheureusement, il n’existe pas de remède miracle permettant de faire disparaître les symptômes négatifs. La ménopause est un sujet encore trop tabou dans notre société, mais sachez que vous n’êtes pas seul.e.s. Chaque individu est différent ; prenez le temps de consulter votre médecin pour connaître le meilleur plan de traitement approprié à vos besoins.
Texte révisé par Amélie Brousseau
Références
Attia, E. et Walsh, T-B. (2022, décembre). Anorexie mentale. Le manuel Merck.
L’Assurance Maladie. (2023, 24 juillet). Ménopause : défnition, symptômes et diagnostic.
https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/menopause/symptomes-diagnostic
Société canadienne du cancer (2024, février). Tout sur l’hormonothérapie substitutive (HTS).
Pinkerton, V. J. (2023, juillet). Ménopause. Le manuel Merck.
Spoka, A. Femme [image en ligne]. Adobe Stock.


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