Quand l’hormone du bonheur nous porte malheur : le rôle de la dopamine dans la maladie de Parkinson – par Marie Desaulniers

Lorsque nous parlons de la maladie de Parkinson, nous parlons également de la dopamine. Cela n’est pas anodin, puisque les symptômes les plus apparents de cette maladie sont expliqués par une importante perte de neurones dopaminergiques. Ainsi, cet article vise à présenter brièvement les fonctions de la dopamine, ainsi que son implication dans la maladie de Parkinson. 

Les fonctions de la dopamine dans le cerveau

Bien caché au centre du cerveau se trouve un petit noyau, la substance noire, qui a comme rôle d’assumer la production de dopamine. La dopamine est un neurotransmetteur, c’est-à-dire une molécule chimique qui est transmise d’un neurone à un autre afin de communiquer un signal. Cette communication de neurotransmetteurs est importante puisqu’elle assure une variété de fonctions de notre système nerveux central et cérébral (Guy-Evans, O., 2023). Dans le cas de la dopamine, elle supporte plusieurs fonctions telles que le contrôle moteur, l’attention, la motivation, la productivité, l’apprentissage, la mémoire et le sommeil (Watson, S., 2021). On surnomme la dopamine « l’hormone du bonheur », car elle contribue largement à la sensation de plaisir immédiat ressenti lors d’une expérience agréable. Cela ce manifeste, par exemple, lorsque nous mangeons un biscuit au chocolat, lorsque nous voyons notre assiette arriver durant une sortie au restaurant ou encore lorsque nous entendons notre chanson favorite. Dans cet environnement plaisant, le cerveau va sécréter de la dopamine qui va alors envoyer un signal au système de récompense, qui en retour nous motive à reproduire ce comportement, soit en écoutant à nouveau notre chanson favorite ou encore en engloutissant plus de biscuits au chocolat que prévu (Livi., 2022). D’autres comportements, moins naturels, peuvent aussi activer la sécrétion de dopamine et par conséquent le système de récompense dans le cerveau. Par exemple, lors de la prise de drogues stimulantes telles que la cocaïne et les amphétamines ou jouer à des jeux de hasard. (Watson, S. 2021). Une autre fonction importante assumée par la dopamine est celle de la motricité du corps. En effet, la dopamine se charge de la communication entre les différentes parties du cerveau en ce qui concerne le mouvement et la coordination des membres (Organisation mondiale de la Santé., 2023). Certaines personnes confondent parfois la dopamine et la sérotonine car ce sont deux neurotransmetteurs couramment appelés « les hormones du bonheur ». Toutefois, la dopamine est sécrétée en réaction à un plaisir immédiat. Elle dépend alors de notre environnement et sa sécrétion va permettre de réguler notre motivation. De son côté, la sérotonine est reliée à la stabilisation de l’humeur à long terme. Elle est reliée au calme et au bien-être, qui est constant plutôt qu’immédiat et va permettre de réguler l’humeur (Guy-Evans, O., 2023).

Le rôle de la dopamine dans la maladie de Parkinson

Dans son recensement le plus récent, l’Organisation mondiale de la Santé a estimé que 8,5 millions d’individus sont actuellement diagnostiqués avec la maladie de Parkinson (Organisation mondiale de la Santé., 2023). Ces individus vivent au quotidien avec des symptômes moteurs et non moteurs tels que des tremblements, une lenteur marquée, un déséquilibre, de la rigidité, des troubles sensoriels, de la démence, et de la douleur. Étant donné que la dopamine intervient dans le contrôle moteur et la coordination, les scientifiques se sont penchés sur le lien entre la dopamine et la maladie de Parkinson. Il est à mentionner que la maladie de Parkinson est neurodégénérative, c’est-à-dire que la maladie progresse au gré de la dégradation des organes impliqués, dans ce cas-ci des neurones de la substance noire du cerveau (Organisation mondiale de la Santé., 2023). De multiples études ont présenté des résultats convergents, soit que le cerveau des individus atteints de Parkinson démontre une vaste perte neuronale au niveau de la substance noire. Cela diminue largement la production de dopamine dans le cerveau. (Morales-Brown, L., 2023). De plus, on estime qu’au moment où l’individu présente les premiers symptômes moteurs de la maladie, il y a déjà une perte de 60 à 80% des neurones producteurs de la dopamine (Morales-Brown, L., 2023). Malheureusement, la cause de cette dégradation neuronale de la substance noire est encore un mystère, alors il n’y a aucun traitement efficace qui a été introduit pour empêcher ce phénomène de dégradation (Organisation mondiale de la Santé., 2023).

La maladie de Parkinson n’est pas la seule maladie pour laquelle les scientifiques ont trouvé une quantité anormale de dopamine. En effet, les études sur la schizophrénie ont montré que le cerveau des individus atteints de cette maladie présente un excès de dopamine ce qui causerait les délires et les hallucinations qui la caractérisent (Guy-Evans, O., 2023). Parallèlement, nous retrouvons aussi des hallucinations parmi la symptomatologie de la maladie de Parkinson. On estime que 20 à 40% des personnes qui ont un diagnostic de Parkinson ont des hallucinations, et que celles-ci sont surtout auditives (Parkinson’s Foundation, s.d) Ainsi, il est intéressant de voir un phénomène commun entre deux diagnostics qui ne semblent pas similaires sur le plan neuronal à prime abord.

Références

Guillon, N. (2020, 17 juin). La cocaïne manipule épigénétiquement le cerveau. [image en ligne]. Pour la Science. https://www.pourlascience.fr/sd/neurosciences/la-cocaine-manipule-epigenetiquement-le-cerveau-19636.php

Guy-Evans, O. (2023, 18 septembre). Dopamine and Serotonin: our own happy chemicals. Simply Psychology. https://www.simplypsychology.org/serotonin-vs-dopamine.html

Livi. (2022, 13 novembre). Dopamine : à quoi sert l’hormone du bonheur ? https://www.livi.fr/en-bonne-sante/dopamine/

Morales-Brown, L (2023, 13 septembre). What is the connection between dopamine and Parkinson’s disease? Medical News Today. https://www.medicalnewstoday.com/articles/dopamine-parkinsons

Organisation mondiale de la Santé (2023, 9 août). Maladie de Parkinson. https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/parkinson-disease#:~:text=La%20pr%C3%A9valence%20de%20la%20maladie,maladie%20de%20Parkinson%20en%202019.

Parkinson’s Foundation (s.d). Hallucinations/Delusions. https://www.parkinson.org/understanding-parkinsons/non-movement-symptoms/hallucinations-delusions

Watson, S. (2021, 20 juillet). Dopamine: the pathway to pleasure. Harvard Health Publishing. https://www.health.harvard.edu/mind-and-mood/dopamine-the-pathway-to-pleasure