L’impact du manque de sommeil sur la santé mentale des étudiants – Par Kholoud Fathy

Il arrive à un moment de notre vie où on décide d’aller aux études supérieures. Que ce soit par choix, par réorientation, ou pour tout simplement rendre la famille fière, on rentre à l’université en ayant pour objectif d’obtenir le diplôme désiré. L’université est synonyme de liberté, d’épanouissement ou encore d’opportunité. Malheureusement, pour la plupart des étudiants et étudiantes, ce n’est pas forcément le cas. Pour d’autres, l’université est synonyme de charge de travail, de stress face aux examens et aux travaux, ainsi que de pression en plus dans leur mode de vie. Tous ces points négatifs impactent un élément considéré comme le troisième pilier de notre santé, le sommeil. En effet, les étudiant.e.s doivent s’adapter pour concilier travail, école, vie familiale, vie sociale et activités parascolaires. Mais il arrive que les 24 heures d’une journée ne soient pas suffisantes. Avant d’aller plus loin, il faut savoir pourquoi dormir est si important. 

Un bon sommeil permet « la croissance, la maturation cérébrale, le développement et la préservation de nos capacités cognitives. » (Ministère des Solidarités et de la santé, 2025). Il ajuste aussi la sécrétion hormonale et il maintient la température interne du corps. Le sommeil permet même de prévenir des maladies cardiovasculaires et chroniques. Son but est de récupérer suffisamment afin de se préparer à l’état de veille qui s’en vient. On nomme ce phénomène la récupération psychologique, physique et cognitive. Le sommeil est bon aussi pour le système immunitaire. En effet, le corps se régénère durant le sommeil et, en plus, il permet la production des cellules immunitaires. Il réduit également l’inflammation et il produit une protéine qui permet au système immunitaire de réguler sa réponse réactive face à une menace. Mais connaissant toutes ces informations, cela n’empêche pas les étudiant.e.s de mal dormir et la question qu’on peut se poser est pourquoi iels continuent ainsi. 

Il existe beaucoup de facteurs qui empêchent les étudiant.e.s de bien dormir. En premier lieu, il y a l’insécurité face aux compétences personnelles et les exigences élevées envers soi. Ensuite, s’ajoutent la surcharge de travail et la difficulté de concilier le mode de vie des étudiant.e.s avec le travail, la vie familiale-sociale, les activités parascolaires, les activités de bénévolat, les stages obligatoires, etc. L’ensemble font qu’iels n’arrivent pas à entretenir un bon sommeil. On peut même ajouter les préoccupations financières, l’isolement et le manque de soutien social. Par ailleurs, il y a l’anxiété de performance qui joue un rôle dans la vie des étudiantes et étudiants. Elle se définit par un « état d’appréhension, de tension ou de malaise causé par la peur de l’échec. » (Université de Sherbrooke, Service de psychologie, 2011). Elle se présente sous 4 dimensions :

1. Niveau de pensée : C’est la perception négative de soi et la présence de pensées négatives déformées. 

2. Niveau des émotions : On retrouve la peur, le stress, le malaise, le sentiment d’inefficacité, et ceci peut aller jusqu’à la crise d’angoisse ou de panique. 

3. Niveau physiologique : La personne en question peut ressentir des migraines, des tremblements, des tensions musculaires ou bien de l’insomnie. 

4. Dans les comportements : On peut remarquer que la personne va soit chercher à fuir ou à éviter la situation à cause de la peur de l’échec. 

    Le problème de l’anxiété de performance, c’est qu’elle peut amener les étudiant.e.s à simplement lâcher leur programme, de développer des maladies physiques ou même d’adopter des comportements addictifs aux drogues de performance, comme les boissons énergisantes, par exemple. En conséquence, tous ces facteurs entraînent une mauvaise qualité de sommeil chez les étudiant.e.s et peuvent s’en suivre des effets négatifs sur notre santé à long terme. 

    Il faut savoir que le sommeil touche non seulement la santé physique, mais aussi la santé mentale et cognitive. En ce qui concerne la santé physique, le sommeil est un régulateur de l’endocrine-métabolique. Pour la santé mentale, une perturbation dans la régulation du sommeil cause inévitablement une perturbation de la régulation de l’humeur, puisque les deux phénomènes utilisent les mêmes neurotransmetteurs et, par conséquent, ont une relation bidirectionnelle. Pour finir, le sommeil permet une consolidation des apprentissages dans la mémoire à long terme. C’est pour cette raison qu’il est aussi essentiel pour notre santé neurocognitive. 

    Finalement, voici quatre solutions pour gérer son style de vie et le sommeil (Heirtzler, 2025). 

    1. L’alimentation : Il faut privilégier les légumes et les légumineuses puisqu’ils favorisent la production de la mélatonine. Il est conseillé de manger 2 à 3 heures avant d’aller dormir et de manger à des heures régulières afin que le rythme circadien et le cycle de sommeil se synchronisent. En effet, manger à des heures fixes aide à informer le cerveau du moment d’aller se coucher. Finalement, il faut manger assez pour ne pas se réveiller pendant la nuit à cause de la faim.

    2. La température : Une température basse de 18 à 19 degrés amène à un état de somnolence et permet la production de la mélatonine. On peut ouvrir la fenêtre, prendre un bain chaud, réduire le chauffage ou bien faire de l’exercice physique, mais préférablement 2 heures avant d’aller se coucher. 

    3. La lumière : La réduction de la lumière en soirée augmente la production de la mélatonine qui amène le corps dans l’état de sommeil. Et pour se réveiller, s’exposer à la lumière de jour entre 30 et 60 minutes après s’être réveillé.e favorise la production du cortisol. 

    4. L’environnement : Il faut dormir dans une chambre avec le moins de bruit possible, dans le noir, afin d’augmenter la production de la mélatonine. 

      Voici encore d’autres solutions : se créer une routine afin que le cerveau comprenne que c’est l’heure de dormir, limiter les écrans au moins une heure avant d’aller se coucher, et éviter la caféine et la nicotine puisque ce sont des agents stimulants. 

      Texte révisé par Zohal Ashoori.

      Références :

      Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, Santé et Services Sociaux. (2025, novembre). Pour un corps plus fort : Sommeil, 2025.
      https://www.hss.gov.nt.ca/fr/services/pour-un-corps-plus-fort/sommeil

      Heirtzler, P. (2025). Les astuces pour mieux dormir. Université de Genève. https://www.unige.ch/ers/campagnes/nuits-sans-ennuis/les-astuces-pour-mieux-dormir

      Ministère des Solidarités et de la Santé. (2025, novembre). Sommeil : un carnet pour mieux comprendre. Institut National du Sommeil et de la Vigilance.
      https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/Sommeil_un_carnet_pour_mieux_comprendre.pdf

      Thibault. M., Charpentier, L., Dubé, G., Pesant, S. et Yergeau, É. (2011). Brochure : Anxiété de performance. Service de psychologie et d’orientation de l’Université de Sherbrooke. https://www.usherbrooke.ca/communaute-etudiante/fileadmin/sites/communaute-etudiante/documents/Psychologie/Brochure_anxiete_performance_2021_01.pdf

      Turgeon, L., Ayotte, E., Thouin, É., Bellemare-Lepage, A. et Vaillancourt, J. (2021). La santé psychologique des étudiants universitaires : une analyse qualitative. Ordre des Psychologues du Québec. https://www.ordrepsy.qc.ca/-/la-sante-psychologique-des-etudiants-universitaires-une-analyse-qualitative

      Vendette, M., et Pennestri, M. (2022). Le sommeil : une porte d’entrée sur la santé physique, cognitive et psychologique. Ordre des Psychologues du Québec. https://www.ordrepsy.qc.ca/-/le-sommeil-une-porte-d-entree-sur-la-sante-physique-cognitive-et-psychologique

      Image : G, K. (2020). Woman lying on table with books [Photographie]. Pexels. https://www.pexels.com/photo/woman-lying-on-table-with-books-5852309/