Le rôle de la confiance en soi dans la performance académique – Par Dorothée Morand-Grondin

Il est généralement accepté que les étudiant.e.s qui « croient en eux.elles » sont destiné.e.s à une performance et un succès académique élevés. On entretient communément que la confiance en soi peut nous « mener loin », qu’une attitude fonceuse permet d’accéder au sommet ou encore qu’il faut « fake it until you make it » (faire semblant jusqu’à y arriver). Ainsi, on suppose généralement qu’une bonne confiance en soi promeut le succès, la réalisation de soi ou encore le bonheur, alors qu’une basse confiance en soi nous destine à l’échec, comme une vieille bonne prophétie auto-réalisatrice. Ainsi, alors que la rentrée scolaire s’amorce et que tous les étudiant.e.s espèrent d’encore meilleurs résultats pour ce trimestre que les précédents, je me demande : est-ce qu’une haute confiance en soi a réellement une influence considérable sur la performance académique ?

Premièrement, il est à clarifier que la confiance en soi s’agit de la perception de son propre potentiel, soit la conscience de sa propre valeur, un jugement porté sur ses propres habiletés, étant général ou appliqué à un domaine particulier (Larousse, s. d.1). De son côté, la performance académique reflète les résultats obtenus en contexte scolaire (Larousse, s.d.2), c’est-à-dire l’évaluation des connaissances acquises des étudiant.e.s. Bien évidemment, l’évaluation de la performance scolaire est très subjective : une « bonne note » pour un.e étudiant.e ne l’est pas nécessairement pour un.e autre. Ainsi, pour mesurer la performance académique, on pourrait plutôt se baser sur l’effort fourni, ou l’apprentissage réellement acquis. Toutefois, nous considérons ici que plus un.e étudiant.e obtient de fortes moyennes, plus sa performance académique est élevée. Généralement, on peut observer une corrélation significative et positive entre la confiance en soi et la performance académique (Al-Hebaish, 2012; Telbis, 2013; Tavani et Losh, 2003; Santiago et Einarson, 1998; Boyer et Sedlacek, 1988). Ainsi, la confiance en soi serait un facteur personnel qui peut faciliter ou inhiber la performance académique selon qu’elle soit forte ou faible chez un individu (Al-Hebaish, 2012). Par exemple, dans l’apprentissage d’une langue étrangère, les apprenant.e.s qui possèdent une bonne confiance en leurs capacités d’apprentissage performent généralement bien, alors que les apprenant.e.s qui ont moins confiance en eux souffrent d’insécurité, de peur et de doutes face à leurs capacités d’apprentissage, résultant en une performance moindre (Al-Hebaish, 2012). 

Dans la littérature, on peut voir que la relation entre la confiance en soi et la performance académique est une relation dynamique : quand le niveau de confiance en soi augmente, la performance académique augmente. D’un autre côté, quand la confiance en soi diminue, la performance académique diminue (Al-Hebaish, 2012). Il serait possible que le sentiment d’auto-efficacité vienne jouer un rôle dans cette relation, renforçant les performances de ceux.celles ayant une bonne confiance en eux.elles et inhibant les performances de ceux.celles qui ont moins confiance en eux.elles. L’auto-efficacité peut être définie comme étant une auto-évaluation de ses compétences à exécuter avec succès une certaine action vers un résultat désiré (Espenshade, Lynch et Zajacova, 2005). Dans un contexte académique, il s’agit de l’assurance  qu’entretient une personne face à ses capacités à réussir des tâches comme compléter un exercice, se préparer à un examen ou encore rédiger un essai. Une méta-analyse menée par Multon, Brown et Lent (1991, citée dans Espenshade, Lynch et Zajacova, 2005) propose que le sentiment d’auto-efficacité en contexte scolaire serait un bon prédicteur des résultats académiques. Une autre proposition du rôle du sentiment d’auto-efficacité dans la performance académique vient du fait qu’un manque de confiance en soi peut résulter en un manque d’intérêt pour la performance, car ces individus ne seraient pas certain.e.s de leurs habiletés à réussir. Ainsi, ils.elles tendent à simplement moins essayer, ce qui résulte en des résultats moindres (Al-Hebaish, 2012). Entre autres, une corrélation positive a été trouvée entre le sentiment d’auto-efficacité en contexte scolaire et le nombre d’heures passées à étudier pour un examen (Espenshade, Lynch et Zajacova, 2005). Dans la littérature, il a été indiqué qu’une corrélation positive existe entre le sentiment d’auto-efficacité et le niveau de performance académique (Telbis, 2013). La confiance en soi vient donc affecter la motivation et la croyance en ses capacités d’apprentissage (Espenshade, Lynch et Zajacova, 2005). 

Toutefois, de manière générale, la confiance en soi entretient seulement une relation modeste avec la performance académique, indiquant que les résultats scolaires ne sont pas une partie primordiale de la conception qu’on se fait de soi-même (Pullmann et Allik, 2008). Il faudrait donc parler de la confiance en soi en contexte scolaire, et non globale, ce qui serait, selon la littérature, corrélée avec la réussite scolaire de manière importante (Pullmann et Allik, 2008). Cette dite confiance en soi en contexte scolaire fait partie du concept de la confiance en soi globale (Pullmann et Allik, 2008). Ainsi, une pauvre performance académique ne mène pas automatiquement à une confiance en soi globale amoindrie (Pullmann et Allik, 2008). De ce fait, une des fonctions principales de la confiance en soi serait de compenser des faiblesses dans d’autres domaines. Ainsi, à l’inverse de ce qu’on pourrait croire, certain.e.s individus ayant de plus faibles performances académiques que leurs pairs pourraient entretenir une meilleure confiance en soi globale que les autres, en guise de stratégie compensatoire (Pullmann et Allik, 2008). Bref, ces étudiant.e.s compensent leurs faiblesses académiques en grossissant artificiellement leur estime de soi globale.

Pour finir, on peut voir que la confiance en soi joue un rôle assez important dans la réussite scolaire. Ainsi, croire en ses capacités d’apprentissage est primordial à une bonne performance. De plus, il est pertinent d’ajouter que le développement de la confiance en soi est un travail d’introspection continuel au cours de la vie, et il n’est donc jamais trop tard pour la travailler.  Il est donc important que les enseignant.e.s promeuvent la confiance en soi en encourageant les étudiant.e.s dans leurs apprentissages. En revanche, il est à noter que les diverses études sur le sujet construisent leur conception de la performance académique autour de la moyenne pondérée cumulative (GPA), alors qu’il pourrait y avoir d’autres indicateurs de la performance qui seraient plus justes pour comparer les étudiant.e.s entre eux.elles.

Texte révisé par Florence Landry-Lehoux

Références

Al-Hebaish, S.M. (2012). The correlation between general self-confidence and academic achievement in the oral presentation course. Theory and Practice in Language Studies, 2(1), 60-65. doi:10.4304/tpls.2.1.60-65

Boyer, S. P. et Sedlacek, W. E. (1988). Noncognitive predictors of academic success for international students: A longitudinal study. Journal of College Student Development, 29(3), 218–223.

Confiance. (s.d.1). Dans Dictionnaire Larousse en ligne. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/confiance/18082#153380

Espenshade, T., Lynch, S. et Zajacova, A. (2005). Self-efficacy, stress and academic success in college. Research in Higher Education, 46(6). https://doi.org/:10.1007/s11162-004-4139-z

Performance. (s.d.2). Dans Dictionnaire Larousse en ligne. https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/performance/59512

Pullmann, H. et Allik, J. (2008). Relations of academic and general self-esteem to school achievement. Personality and Individual Differences, 45(6), 559-564. https://doi.org/10.1016/j.paid.2008.06.01

Santiago, A.M. et Einarson, M.K. (1998). Background characteristics as predictors of academic self-confidence and academic self-efficacy among graduate science and engineering students. Research in Higher Education, 39, 163–198. https://doi.org/10.1023/A:1018716731516 

Tavani, C. M. et Losh, S. C. (2003). Motivation, self-confidence, and expectations as predictors of the academic performances among our high school students. Child Study Journal, 33(3), 141-151. 

Telbis, N. M. (2014). International students’ confidence and academic success. Journal of International Students, 4(4), 330-341.

Wokandapix. (2016). L’obtention du diplôme [image en ligne]. Pixabay. https://pixabay.com/fr/photos/l-obtention-du-dipl%c3%b4me-dipl%c3%b4me-1449488/ 

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