- Parle-nous un peu de toi. Quel est ton parcours universitaire ? Quelles ont été tes implications dans la vie étudiante ?
Mon parcours universitaire a été toute une aventure ! Des montagnes russes d’émotions ! J’ai commencé mon bac lors de la session d’hiver 2020. Cette session qui a été remplie de changements, d’adaptation, d’isolement… Bref, la vie étudiante n’était pas à son meilleur. Cependant, à la session d’automne 2020 j’ai contacté l’association pour pouvoir faire partie des initiations. C’est à ce moment que j’ai vu à quel point la vie étudiante était remplie de belles personnes ! Je me suis impliquée dans la communauté bien-être de l’Université de Montréal. J’ai d’ailleurs eu l’honneur d’être invitée à organiser et témoigner lors de plusieurs conférences, dont « Étudier à l’université avec un TDAH : forces et défis » dirigée par des psychologues de l’université. J’ai eu la chance de partager mes techniques d’adaptation, d’étude et de bien-être avec les autres étudiants aux prises avec cette même condition ! Par la suite, je dirais que je me suis impliquée en participant aux activités organisées par l’AGÉÉPUM. À force de participer à plusieurs évènements, j’ai appris à connaître le groupe et j’ai eu envie de m’impliquer et de me donner à 100 % pour ma dernière année d’université en tant que membre du comité du bal.
- Pourquoi as-tu décidé de t’impliquer ?
Parce que je sais que la cohorte qui gradue présentement est merveilleuse et je suis fière de nous. Nous avons passé à travers de nombreuses épreuves ensemble ! Nous avons certainement grandi et évolué à travers notre baccalauréat. Le bal pour moi c’est une manière de bien terminer ce chapitre en beauté. C’est un dernier moment pour souligner les efforts et la résilience que nous avons démontrés tout au long de notre parcours. Je souhaitais donc m’impliquer pour rendre cette soirée mémorable et magnifique.
- Comment arrives-tu à trouver un équilibre entre ton implication dans la vie étudiante, les exigences de ton parcours académique et ta vie sociale ?
J’ai toujours été une femme travaillante. Au début de mon baccalauréat, je jonglais entre 2 ou 3 emplois en même temps. Cependant, mes emplois ont commencé à prendre trop de place et de temps dans ma vie. Peu à peu, j’ai fait des choix et j’ai laissé certains emplois pour pouvoir prioriser ma santé et mes études. J’ai alors réalisé l’importance de prendre du temps pour moi-même. Je me suis fixé des objectifs, je me suis fait des horaires et j’ai trouvé des moyens de maximiser mon temps. Après avoir trouvé un bon équilibre, j’ai trouvé du temps pour m’investir à fond dans mon comité tout en atteignant des objectifs académiques et en profitant encore de ma vie sociale.
- Qu’est-ce que t’impliquer dans la vie étudiante t’a apporté (expériences vécues, compétences, etc.) ?
Au début de mon parcours étudiant, j’ai eu tellement d’opportunités offertes par la vie étudiante et j’en suis très reconnaissante. C’est grâce à elle que j’ai eu la chance de rencontrer des personnes incroyables et de nouer des amitiés précieuses à mes yeux, comme mon ami Fabrice que j’ai rencontré lors des initiations du bac et avec qui j’ai tissé une amitié solide. En m’impliquant davantage dans la vie étudiante, j’ai eu l’occasion de renforcer les liens avec mes amis et de développer des compétences en leadership positives, en travail d’équipe et en communication. Côtoyer des personnes aux personnalités différentes m’a permis d’élargir mes horizons et de grandir personnellement. Bien que cela m’ait demandé de sortir de ma zone de confort, j’ai finalement apprécié la confrontation d’idées et de critiques, à laquelle je n’étais pas habituée. Ces expériences m’ont offert l’opportunité d’apprendre et de grandir en tant que personne.
- As-tu fait face à des défis durant ton implication parce que tu es une femme/personne non-binaire ?
Personnellement, je ne crois pas avoir été directement confrontée à des défis liés à mon genre, du moins je n’en ai pas conscience. Bien entendu, j’ai pu recevoir des commentaires inspirés par les stéréotypes liés aux femmes, mais cela ne m’a pas découragée. J’ai appris à répondre aux préjugés, qu’ils concernent ma personne ou une autre personne. Je suis très fière de la communauté solidaire et engagée de femmes/personnes non-binaires à l’Université de Montréal et je ressens que notre génération se dirige vers une société plus égalitaire. J’ai espoir en l’avenir.
- Quels aspects de la vie étudiante devraient être remaniés de manière à mieux représenter la communauté des femmes/personnes non-binaires selon toi? Cela peut être par rapport aux comités, aux cours, aux événements étudiants, aux documents universitaires…
Je crois que la vie étudiante fait déjà de grands efforts pour la communauté de femme/personnes non-binaires et j’en suis fière. Cependant, l’école pourrait rendre les formations d’écriture inclusive obligatoires, inclure un cours obligatoire également dans le parcours scolaire et organiser des évènements pour célébrer les réussites et les contributions de notre communauté.
- Pour faire cette entrevue, une personne a dû proposer ta candidature. Comment te sens-tu par rapport à ça ?
J’ai tellement été émue sincèrement. Je suis très reconnaissante pour la personne qui a proposé mon nom. Cela signifie que quelqu’un a vu et reconnu mes efforts et mon engagement. J’ai travaillé tellement fort durant mon parcours scolaire pour réussir à suivre un rythme de vie sain. J’ai enfin réussi et je suis très fière d’avoir l’opportunité de partager mon parcours et représenter la communauté en tant que femme forte et fière.
- Que dirais-tu à une femme/personne non-binaire qui hésite à s’engager ?
Je lui dirais que moi aussi j’ai hésité au début, j’avais un peu peur. Cependant, ça vaut le coup d’essayer. L’engagement dans la vie étudiante rendra ton parcours universitaire 100x plus intéressant et enrichissant sur les plans personnels et professionnels. La vie étudiante est composée de gens respectueux, éduqués et ouverts d’esprits. Ils vont te soutenir et t’accompagner à travers tes peurs, crois-moi. En temps que femme ou personne non-binaire, nos voix sont importantes et elles comptent beaucoup. C’est ensemble qu’on va réussir à faire une différence positive dans la communauté.
- Que signifie être une femme/personne non-binaire pour toi ?
Pour moi, être une femme ou une personne non-binaire, c’est avant tout une force. Une force qui s’exprime par la communauté solidaire et engagée à faire valoir nos droits. C’est aussi être libre de s’exprimer, être soi-même et poursuivre ses ambitions sans être limité.e par les stéréotypes et les attentes de la société.
- Qui t’inspire le plus dans le monde des femmes/personnes non-binaires? Cela peut être une personne que tu connais, une personnalité connue, un personnage de livre, de film, de théâtre…
Ma grand-maman, que je surnommais affectueusement « Mémé », a été sans aucun doute la personne qui m’a le plus appris et soutenu à travers les épreuves de ma vie. Elle était ma « psy », ma confidente, mon guide, mon modèle et ma meilleure amie. En élevant seule trois filles, en dirigeant sa propre entreprise, en surmontant deux cancers et en travaillant dur pour maintenir l’unité de sa famille, elle est devenue pour moi le symbole de la force et de l’indépendance féminine. Mémé restera toujours mon inspiration la plus grande, même si elle me manque terriblement. Je sais qu’elle est fière de la femme que je suis en train de devenir et qu’une partie d’elle vit en moi.
Photo prise par Rémy El-Nemr