Douleur chronique ? Deux mots qui rassemblent tous les solitaires, les isolés, les souffrants, les déprimés, et ce sentiment que tant de gens ont, même dans le milieu de la santé : LA SOLITUDE. Nous sommes tous là, jeunes et moins jeunes à marcher dans ces couloirs qui sont censés nous mener vers une vie meilleure, avec force et détermination, dont nous ne savons aucunement d’où elles viennent, tous pour un rêve. Pourtant, malgré ce rêve qui est censé nous rassembler, nous sommes emprisonnés, douleurs chroniques universitaires. Je marche, je parle, j’étudie, je pense comme tous les gens dans cette école, mais nous ne sommes en aucun cas en santé. Et ce que nous souhaitons le plus, c’est d’être comme tout le monde. Chaque jour, nous souffrons de fatigue chronique, de douleurs neuromusculaires, de symptômes digestifs sévères, d’anxiété, de maux de tête chroniques, de ne jamais être pris au sérieux, de ne jamais se faire comprendre puisque nous avons « L’AIR » en santé. Nous passons nos vies à l’hôpital pour nous faire dire que nous devons prendre des Tylenols et que nos douleurs ne sont pas réelles, que notre souffrance est banale, que notre réalité n’est pas la leur. Ce n’est pas parce que NOUS, douleurs chroniques, on s’arrange, on se maquille, on s’habille et on prend soin de nous, que nous ne sommes pas seuls, en dépression, souffrants et étudiants ! La colère, la déprime, la tristesse et le sentiment d’avoir perdu plusieurs de nos capacités humaines font partie de notre quotidien, et pourtant, nous sommes là, forts et seuls, à pénétrer les portes des études supérieures, à rivaliser avec les meilleurs ! Alors que chaque combat, chaque matin est un défi de se lever et de garder espoir envers notre détermination de réussite, de faire ce que nous voulons faire et de ne pas devenir les marionnettes de cette maladie ! Malgré tout, il faut avouer qu’elle nous contrôle. Elle contrôle notre vie sociale, amoureuse, familiale, notre sommeil, notre qualité de vie qui se limite à endurer notre carapace, qu’on n’a pas choisie. On se lève, on va à l’école, on a mal, on va à notre cours, on remarque qu’il y a de beaux bureaux en bois collés à des chaises à moitié brisées et on se dit qu’on a travaillé tellement fort pour économiser, pour atteindre les études supérieures et on se ramasse là, seuls dans une classe de 250 personnes avec ces chaises qui vont simplement empirer nos douleurs, ensuite on nous demande d’être attentifs pendant 3 heures. Savez-vous comment il peut être insupportable de vivre ça pendant 3 heures ? Bref, ensuite, l’étude à la maison, un autre 3 heures d’écriture de notes et là on n’a pas encore étudié. On recommence alors la journée jusqu’au samedi où on travaille pour payer notre session afin d’être encore assis sur ces maudites chaises en bois. Pendant nos études, je parle pour ceux qui souffrent et je sais que vous souffrez du bout de la tête jusqu’aux épaules, les bras, avant-bras, mains, dos, SURTOUT le dos, les hanches, les cuisses, les jambes, les pieds, peut-être même les fesses pour certains. Puis, malgré tout, nous étudions ! Nous avons de bonnes notes, on finit tout de même de peine et misère à s’en sortir. Mais, comme je disais, après ces centaines d’heures d’études et de travail, notre vie en souffre, et là je ne parle pas de physique, je parle de soutien moral, d’amitié sincère, d’un minimum de compréhension d’un proche, d’écoute, de sentir qu’on n’est pas seuls. Alors, nous le savons bien, la différence fait peur aux gens, nous nous rassemblons avec ceux qui nous ressemblent. Mais quoi faire lorsque nous sommes différents de tout le monde ? Quoi faire, lorsque nous sommes limités dans nos activités ? Quoi faire lorsque nos douleurs physiques et mentales nous empêchent d’être nous-mêmes avec les autres ? Je parle par vécu, les gens aiment ce qui est positif, ce qu’on peut faire pour aider les autres. Mais quoi faire lorsque toi tu as besoin de quelqu’un ? Dur à dire ? Je me suis dit que c’est surtout dur de s’assembler avec des gens qui me ressemblent parce que je ne souhaite en aucun cas à personne de vivre ce que je suis et ce que j’ai vécu. Je me dis que je ne suis pas obligé de vivre avec des gens qui sont nécessairement pareils à moi, puisque la diversité est tellement plus intéressante dans la globalité que de connaître ce que je connais déjà et pourtant je remarque toujours que les gens se ressemblent plus qu’ils se différencient. Bref, Nous ! Douleurs chroniques, nous avons développé un 6e sens de force intérieure, de détermination, d’être capables d’être résilients avec ce qu’on vit et avec notre entourage, en plus de le faire seuls, parce que je sais que vous viviez tout ça seuls. Nous sommes des oubliés de la médecine, oui, je sais. Mais un jour, ça va changer. C’est bien ma raison de vivre et de continuer mes études dans le but de changer le monde dans le domaine des douleurs chroniques autant physiques que psychologiques.
NOUS NE SOMMES PAS SEULS, NOUS SOMMES JUSTE PEU.
Révisé par Amélie Gilker Beauchamps
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