L’intégration des immigrant.e.s au Québec – Par Maria Chamas

Depuis la renaissance, l’humain fait l’objet de questionnements au sujet de sa place dans le monde et chaque domaine étudie son interaction avec son environnement. Comme un.e musicien.ne a un impact sur l’orchestre, l’orchestre a un impact sur ce.tte musicien.ne : chaque musicien.ne qui forme l’orchestre est défini.e selon ses rôles, se complète selon l’instrument qu’iel joue et contribuent à la symphonie de l’orchestre dans son ensemble. En d’autres mots, l’orchestre façonne leur identité individuelle et sociale. C’est par cet exemple qu’un de mes professeur.e.s de sociologie au cégep, Jean Carpentier, a illustré comment nous façonnons quotidiennement la société et, en parallèle, la société nous façonne. Il va sans dire que chaque individu de la société est continuellement confronté, tout au long de sa vie, à des changements sociaux et individuels qui nécessitent de constamment s’adapter. Dans le cas des différents types d’immigrant.e.s (voir annexe 1), ces individus font particulièrement face à de nombreux changements une fois arrivés au Québec, que ce soit au niveau de la langue, de la culture, de la valeur de l’argent, du coût de la vie, des normes sociales et j’en passe. Dans les faits, les processus de développement et d’adaptation des communautés d’immigrant.e.s et de réfugié.e.s comprennent le rôle des stratégies d’accueil et d’intégration qui mettent en valeur l’accès aux services de santé et d’éducation ainsi que l’intérêt des enfants au cœur du développement familial (voir annexe 2). Parmi ces stratégies, des politiques inclusives devraient être utilisées afin d’adresser des obstacles sociaux présents pour ces immigrant.e.s comme les équivalences de diplômes (voir annexe 3) et le racisme systémique qui apparaît sous forme de profilage racial ou dans la représentation médiatique des immigrant.e.s et réfugié.e.s. Enfin, pour renforcer la cohésion sociale et le sentiment de sécurité ou d’appartenance de ces dernier.e.s, des démarches ainsi que des institutions locales et communautaires (voir annexe 4) sont présentement employées comme stratégies dont le but primaire est le soutien et l’inclusion sociale. 

Annexe 1 : Les différents types d’immigration au Québec (Houle et Yssaad, 2010). Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de connaître les quatre différents types d’immigrant.e.s qui existent. Tout d’abord, l’immigration économique permanente fait référence à la catégorie des travailleur.e.s qualifié.e.s et des gens d’affaires qui font une demande de résidence permanente. Dans le cas échéant où leur conjoint.e et/ou leur famille appliquent pour cette résidence permanente également, on tombe alors dans la deuxième catégorie qui est celle du regroupement familial. Ensuite, l’immigration économique non permanente est la catégorie qui réunit les personnes ayant faites une demande de résidence non permanente, un permis d’étude ou un permis de travail. Pour ce qui est de la quatrième catégorie, il s’agit des demandeur.e.s d’asile et des réfugié.e.s qui fuient la persécution, la torture, les situations de conflits ou les peines cruelles et inhabituelles de leur pays d’origine. 

Annexe 2 : Santé mentale et physique des immigrant.e.s ou réfugié.e.s au Québec. Au Québec et ailleurs au Canada, les immigrant.e.s et les réfugié.e.s font face à d’énormes défis en ce qui concerne leurs expériences directes ou indirectes de discrimination, de stigmatisation et de racisme dans les services de santé et les services sociaux ainsi que dans l’accessibilité aux services de santé mentale en termes de problèmes juridiques, de difficultés financières, de barrières linguistiques et de pratiques thérapeutiques inefficaces ou nuisibles pour ces personnes. Ainsi, cela a comme effet de retarder l’établissement d’un diagnostic, pendant de longues périodes allant jusqu’à plusieurs années, ce qui  entraîne des problèmes chroniques, des suicides évitables ou la déchéance permanente de la période d’intervention favorable pour certains troubles tels que le spectre de l’autisme (Rousseau, 2021). Selon le site Immigrant Québec (2022), seul.e.s « les résident.e.s permanent.e.s, les travailleur.e.s temporaires possédant un permis de travail de plus de six mois, certain.e.s étudiant.e.s et la famille accompagnante » sont admissibles à l’assurance-maladie; une période d’attente de trois mois peut s’appliquer avant que les nouvelleux résident.e.s au Québec puissent obtenir leur carte maladie. En ce qui a trait aux soins de santé des immigrant.e.s de la quatrième catégorie, les personnes concernées peuvent appliquer au Programme fédéral de santé intérimaire (PFSI) qui les leur offre un accès limité et temporaire aux services ou aux produits de soins de santé dont le coût ne sera pas couvert (Gouvernement du Canada, 2017). À l’instar des services de soins des réfugié.e.s, au Québec, l’accès aux garderies et ses leurs coûts pour les demandeur.e.s d’asile ne sont pas encore assurés et, ce, malgré son importance pour le développement cognitif et émotionnel des enfants (Rousseau, 2021). Par rapport au système d’éducation, plusieurs établissements de la Commission scolaire de Montréal ont des classes d’accueil qui offrent des services de soutien à l’apprentissage de la langue française pour faciliter leur intégration. Toutefois, les établissements qui se trouvent en dehors des grandes villes sont souvent peu ou pas équipés pour accueillir et accompagner les enfants immigrant.e.s ou réfugié.e.s qui ne parlent pas l’anglais et le français ou qui ont vécu des situations traumatisantes, ce qui est devenu particulièrement problématique lors de l’arrivée de réfugié.e.s syrien.ne.s au cours de la dernière décennie (Papazian et al. 2019). 

Annexe 3 : Équivalence de diplômes et opportunités d’emploi des immigrant.e.s. Combien de fois les chauffeur.e.s d’Uber ou les gérant.e.s de dépanneurs vous ont confié qu’iels sont des docteur.e.s ou ingénieur.e.s dans leur pays d’origine? À quel point leurs compétences et leurs expériences seraient-elles utiles ici, surtout lorsqu’il s’agit d’emplois dans des domaines souffrant de pénurie de main d’œuvre? Pour ce qui est de la reconnaissance des compétences et de l’accès aux ordres professionnels, ce sont les plus grands obstacles que rencontrent les nouvelleux arrivant.e.s au Québec en ce qui concerne leur intégration sociale. En effet, le taux de chômage des immigrant.e.s y est plus élevé que la moyenne canadienne vu que les titres de compétences étrangères peuvent être partiellement acceptés ou non acceptés. De nombreux organismes de réglementation, tel que Ingénieurs Canada et le Bureau national d’examen dentaire du Canada, peuvent également exiger la réussite de plusieurs cours, d’une formation continue, des stages et d’examens ainsi que, dans certains cas, un retour aux études et, ce, même si leurs études ont été faites en français (Fragasso-Marquis, 2018). Bref, une fois arrivée au Canada, beaucoup d’entre elleux font le deuil de leurs passions et de leur vie professionnelle et travaillent au salaire minimum afin de subvenir aux besoins fondamentaux de leur famille, de leurs enfants et d’elleux-mêmes. 

Annexe 4 : Services sociaux offerts aux immigrant.e.s au Québec. Grâce aux nombreux services offerts dès leur arrivée, le Québec facilite énormément l’intégration culturelle et sociale des immigrant.e.s économiques permanents. En effet, un.e agent.e d’aide à l’intégration accompagne chaque immigrant.e et évalue précisément ses besoins pour l’orienter vers les services des organismes partenaires du Ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration. Ainsi, des organisations telles que CACI et CARI administrent des programmes et des services spécialisés d’intégration économique, linguistique et culturelle ainsi que d’accueil qui seront offerts par le Québec aux résident.e.s permanent.e.s. En raison de la crise sanitaire, des programmes en lignes comme Appui aux collectivités, Programme d’accompagnement et de soutien à l’intégration et Mobilisation-Diversité étaient offerts (Gouvernement du Québec, 2022). De plus, des cours de français (ou de francisation) sont offerts aux immigrant.e.s et « visent donc à la fois l’apprentissage et l’utilisation du français comme langue commune d’intégration et de cohésion sociale, de même que la connaissance des valeurs démocratiques et des repères socioculturels de la société québécoise » (OCDE, 2020). En ce qui concerne les étudiant.e.s étranger.e.s diplômé.e.s du Québec ou les travailleur.e.s temporaires, le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) a été mis en place pour permettre à ces individus d’obtenir un certificat de sélection de la part du gouvernement québécois leur donnant l’option de s’établir et de travailler au Québec de façon permanente (Gouvernement du Québec, 2021).

Texte révisé par Natasha Nasseri

BIBLIOGRAPHIE

Fragasso-Marquis, V. (2018, 26 mars). Québec doit en faire plus pour reconnaître les diplômes étrangers, selon l’IDQ . LaPresse. https://www.lapresse.ca/actualites/education/201803/26/01-5158677-quebec-doit-en-faire-plus-pour-reconnaitre-les-diplomes-etrangers-selon-lidq.php 

Gouvernement du Canada (2017, 31 mars). Soins de santé – Réfugiés. Canada.ca : immigration et citoyenneté : réfugiés et demandes d’asile : trouver des services pour les réfugiés au Canada. https://www.canada.ca/fr/immigration-refugies-citoyennete/services/refugies/aide-partir-canada/soins-sante.html 

Gouvernement du Québec ( 2021, 7 septembre). « Programme de l’expérience québécoise (PEQ – Québec experience program) ». Québec.ca: Immigration programs for skilled workers. https://www.quebec.ca/en/immigration/immigration-programs/quebec-experience-program

Gouvernement du Québec (2022, 14 février). « Integration service for immigrants ». Québec.ca : Immigration. Repéré à : https://www.quebec.ca/en/immigration/integration-service-for-immigrants 

Houle, R., et Yssaad, L. (2010, 29 septembre). Reconnaissance des diplômes et de l’expérience de travail acquis à l’étranger des nouveaux immigrants (publication no 75-001-X). Statistique Canada. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/75-001-x/2010109/article/11342-fra.htm 

Immigrant Quebec (s.d.). S’inscrire à la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ). https://immigrantquebec.com/fr/reussir-votre-installation/demarches-des-premiers-jours/ramq/

Organisation de coopération et de développement économiques (2020). Chapitre 2 : le contexte de l’immigration au Québec. Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Intégrer les immigrants pour stimuler l’innovation au Québec, Canada (p. 29-61). Paris: Éditions de l’OCDE. https://www.cairn.info/integrer-les-immigrants-pour-stimuler-l-innovation–9789264622722-page-29.html 

Papazian-Zohrabian, G., Mamprin, C. et Lemire, V. (2019). Les groupes de parole en milieu scolaire : Un espace de développement du bien-être psychologique des jeunes réfugiés. Revue québécoise de psychologie, 40(3), 87-102.
Rousseau, C. (2021, 15 février). Un numéro thématique sur la santé mentale des immigrants et réfugiés. Érudit. https://www.erudit.org/en/journals/smq/2020-v45-n2-smq05840/1075385ar/

Une réponse sur « L’intégration des immigrant.e.s au Québec – Par Maria Chamas »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s