Entrevues avec des femmes et personnes non-binaires: Laurence Yockell

Parle-nous un peu de toi. Quel est ton parcours universitaire ? Quelles ont été tes implications dans la vie étudiante ?

Bonjour, je me nomme Laurence Yockell, j’ai 22 ans et je suis présentement dans ma dernière année au baccalauréat en Neuroscience cognitive (orientation neurolinguistique). J’ai débuté mon parcours universitaire en 2019 et ce fut l’année où j’ai arrêté mon sport de compétition, la natation. J’ai eu beaucoup de difficultés à m’adapter à ma nouvelle routine d’étudiante sans la présence de sports intensifs dans mes journées. C’est à ce moment que je me suis intéressée aux possibilités de s’entraîner, de bouger et de s’occuper de sa santé physique et psychologique à l’université. Malheureusement, mon processus de recherche s’est arrêté lorsque la pandémie est survenue. Mon année et demie passée en ligne m’a énormément fait réfléchir sur la différence que j’aimerais apporter au sein de la communauté étudiante et a approfondi mon désir profond de m’impliquer au cœur de l’AGÉÉPUM. C’est pour cette raison qu’en mai 2021, j’ai décidé de me présenter comme Déléguée Sports, Santé et Bien-Être pour le mandat 2021-2022 à l’AGÉÉPUM. J’ai été élue, avec grande surprise, mais surtout avec beaucoup de reconnaissance pour mes pairs qui ont cru en moi ! Depuis septembre, j’agis donc comme la Déléguée Sports, Santé et Bien-Être ainsi que comme Déléguée du Comité Santé et Bien-Être de psycho/neuro. J’ai comme responsabilités de promouvoir la santé physique et psychologie des étudiant.e.s en préparant des capsules, des événements, des conférences, etc. J’ai aussi le rôle important de créer des équipes sportives pour participer aux tournois interfacultaires (interfacs) qui permettent aux différentes associations étudiantes de s’affronter entre elles. Pour ce qui est du comité, je chapeaute et coordonne toutes les activités de celui-ci. Je supervise cinq bénévoles, je planifie notre programmation dans l’année, je fais approuver les budgets avec le bureau exécutif et j’agis comme personne ressource pour les membres. Durant mon mandat, j’ai relancé tous les réseaux sociaux de la page Sport-Santé du programme ainsi que ceux du comité. J’ai créé un club de course ainsi qu’une page de nutrition où les étudiants peuvent partager leurs trucs et astuces. Pour ce qui est des événements, j’ai fait un pique-nique sportif à la rentrée pour permettre aux élèves de 1ère année de se rencontrer. Une conférencière est venue discuter de l’importance du sommeil et prochainement j’offrirai des conférences sur la gestion du stress, la nutrition et l’éco-anxiété. Pour les semaines de lecture, j’ai fait la création de la semaine « Self-Care » pour encourager les étudiant.e.s à prendre soin d’elleux. J’ai lancé une rubrique informative hebdomadaire sur des sujets allant d’image corporelle à des méthodes d’étude efficaces. En somme, j’espère que mon implication permet à la communauté étudiante d’être davantage outillée et sensibilisée à l’importance du bien-être psychologie et physique dans leur quotidien.

Pourquoi as-tu décidé de t’impliquer ?

Mes motivations à m’engager sont nombreuses. Il est important pour moi de m’impliquer au sein de la communauté étudiante puisqu’il est possible de créer des liens avec différent.e.s étudiant.e.s. Cela me permet aussi de travailler avec des personnes tout autant engagées, qui favorisent un climat universitaire sain. S’engager dans la vie étudiante est non seulement rassembleur, mais m’a démontré tout ce dont j’étais capable d’accomplir. Ma motivation principale à m’engager est vraiment l’aspect important de redonner à la communauté étudiante. L’engagement me permet aussi de jouer un rôle actif dans l’amélioration de services ou même dans l’amélioration du quotidien de mes pairs. D’autre part, à la suite de la pandémie, je me sentais énormément « loin » du monde universitaire et de la vie étudiante en général. De ce fait, lorsque j’ai commencé ma dernière année au baccalauréat, je voulais vraiment saisir l’opportunité de m’impliquer avant de finaliser ma dernière année dans le programme.

Qu’est-ce que t’impliquer dans la vie étudiante t’a apporté ?

Mon implication dans la vie étudiante m’a apporté énormément dans toutes les sphères de ma vie. En particulier, j’ai créé des liens forts et puissants avec les autres membres de l’association et même avec plusieurs étudiant.e.s. J’ai aussi développé un grand sentiment d’appartenance avec les membres de ma communauté étudiante et l’Université aussi. J’ai toujours douté de mes aptitudes et de moi-même en général. Cela étant dit, le fait d’être capable de coordonner mes études, mon implication et ma vie sociale, m’a redonné un énorme sentiment d’accomplissement et de confiance en soi. D’un côté plus personnel, mon implication m’a aussi permis de développer davantage des qualités importantes comme l’assiduité, l’organisation et la persévérance.

De quoi es-tu la plus fière en rapport avec ton implication ?

Premièrement, je suis si fière d’être sortie de ma zone de confort et d’avoir fait le saut pour m’impliquer dans la vie étudiante. Je suis aussi rempli de fierté quand je vois les projets et les conférences qui s’accomplissent et qui, j’espère, viennent faire une différence dans la vie de certain.e.s. De ce que je suis le plus fière, je pense, est le fait d’être capable de sensibiliser la communauté étudiante sur l’importance de leur bien-être physique et psychologique. Je sais que la différence peut être mineure dans la vie de chancun.e, mais si je réussis à faire tout simplement un petit changement positif dans la routine d’un étudiant.e. ça me comble au plus haut point.

Que représente pour toi le regroupement dans lequel tu t’impliques ?

Pour moi, l’AGÉÉPUM c’est une grande famille, c’est un regroupement si inspirant, unique et chaleureux. C’est un endroit où je me sens respectée, accueillie et aimée comme je suis. Le bureau exécutif est aussi un pilier pour le succès de toustes, iels ont les besoins de la communauté étudiante vraiment à cœur. En plus, l’association étudiante regroupe des personnes vraiment spéciales et magnifiques, qui font tout en leur pouvoir pour permettre aux étudiant.e.s de fleurir dans le programme de psycho/neuro. Je suis donc reconnaissante de pouvoir dire que je fais partie de ce groupe d’humains si exceptionnels.

As-tu fait face à des défis durant ton implication parce que tu es une femme/ personne non-binaire ?

Je me considère privilégiée quant à mon parcours de femme dans la vie étudiante, car je n’ai pas vécu de défis considérables qui m’ont grandement marqué. Cependant, je suis une femme à la tête de la sphère sportive de mon programme. Il m’est donc déjà arrivée de me sentir moins à ma place dans ce monde considéré plutôt masculin. Je me suis aussi déjà demandé si j’étais la meilleure personne pour faire ce poste parce qu’habituellement ce n’était que des hommes à la tête des interfacs ou du comité. Je pense donc n’avoir jamais directement vécu un défi dans le cadre de mon implication. En revanche, je dois dire que les conceptions anciennes sur la place des femmes dans le sport me trottent encore dans l’esprit et me font parfois douter de ma place comme Déléguée Sport.

Quels aspects de la vie étudiante devraient être remaniés de manière à mieux représenter la communauté des femmes/personnes non-binaires selon toi ? Cela peut être par rapport aux comités, aux cours, aux événements étudiants, aux documents universitaires…

Je pense qu’on a fait énormément de progrès pour incorporer davantage de femmes à la tête des comités et des associations étudiantes. Justement, le fait d’avoir un comité féministe qui permet de venir sensibiliser certaines causes et qui mettent les femmes ainsi que les personnes non-binaires de l’avant est un pas grandiose vers le futur. Je crois qu’il est important de continuer à promouvoir les femmes et personnes non-binaires dans le milieu étudiant et d’instaurer des politiques qui assurent des places réservées aux femmes/personnes non-binaires dans les regroupements étudiants. Pour ce qui est des cours, je pense qu’il serait bien de mettre en place l’écriture inclusive et de l’avantager dans les documents présentés et les travaux écrits qui seront remis par les étudiant.e.s.

Pour faire cette entrevue, une personne a dû proposer ta candidature. Comment te sens-tu par rapport à ça?

Ma candidature pour cette entrevue m’a énormément surprise. Je ne pensais pas du tout que mes pairs avaient remarqué mon travail à ce point. Pour tout dire, je me sens honorée d’avoir été choisie parmi de nombreuses femmes extraordinaires qui s’impliquent autant que moi dans la vie étudiante. Je me sens aussi énormément reconnaissante pour ceux.celle.s. qui m’ont nominé, puisque ça concrétise tous les efforts que je fais pour promouvoir le bien-être psychologique et physique. Cette nomination m’émeut énormément et va me permettre de me motiver à continuer à mettre autant d’efforts dans mon implication.

Que dirais-tu à une femme/ une personne non-binaire qui hésite à s’engager ?

Je lui dirais de faire le saut ! Cette expérience est tellement enrichissante, non seulement par toutes les rencontres que l’on fait, mais aussi par cet incroyable sentiment de redonner à la communauté. L’implication est aussi tellement bénéfique au sentiment d’appartenance à un groupe ou à un établissement, comme l’université. S’engager c’est de faire partie d’un groupe de personnes diversifiées et uniques qui nous en apprennent davantage sur nous-mêmes. C’est aussi la possibilité de se donner de nouveaux défis, de se découvrir en tant que personne et de se dévouer pour une cause qui nous tient à cœur. C’est une expérience qui mérite entièrement d’être vécue et qui apporte tellement de bien autant autour de soi, qu’au sein de soi-même également.

Que signifie être une femme/ personne non-binaire pour toi ?

Pour moi, une femme peut se manifester sur toutes ses formes. Une femme peut être tout autant féminine que masculine, elle a tous les pouvoirs du monde de se représenter comme elle le veut, sans restriction. Être une femme, c’est le pouvoir de se définir librement, comme on le veut et surtout comme on le désir. C’est d’être libre de poursuivre sa voie et de faire ses propres choix. Être une femme ne se restreint pas à la biologie, à la menstruation et à la capacité de porter un enfant. Au contraire, être une femme réside dans la possibilité de faire ses propres choix et d’accomplir sa propre destinée. Une femme peut être forte, vulnérable, empathique, résiliente tout à la fois et même plus encore. Une femme c’est une personne sans limite et qui est magnifique dans toute sa complexité.

Quels enjeux dans la vie de tous les jours as-tu rencontrés car tu es une femme/ personne non-binaire ?

Je me considère, encore une fois, comme une personne privilégiée en ce qui concerne les enjeux que j’ai pu vivre dans ma vie. Si je pense à ma vie académique, faire un projet d’équipe et ne pas être capable d’être prise au sérieux ou ne pas se faire donner des parties importantes du projet parce que je suis la seule femme de l’équipe. J’ai fait mon CÉGEP en sciences et ce genre de discrimination ou ce manque de sérieux face à la compétence des femmes m’est souvent arrivé. Je peux aussi penser à l’expression vestimentaire et les regards ou commentaires qui sont exprimés face à mon habillement. J’ai peur parfois de m’habiller pour l’été où je vais révéler davantage mon corps, car j’ai reçu par le passé des commentaires inacceptables ou péjoratif à ce sujet. Je pense aussi que dans la vie de tous les jours, les femmes subissent une énorme pression à être parfaite et à « fitter » dans le moule sociétal. Tout ce qui déroge de la femme idéale, au corps parfait, est vu comme négatif et peut être utilisé directement pour nous persécuter.

Qui t’inspire le plus dans le monde des femmes/personnes non-binaires ? Cela peut être une personne que tu connais, une personnalité connue, un personnage de livre, de film, de théâtre…

Premièrement, je suis énormément reconnaissante pour les femmes et les personnes non-binaires qui se sont battu.e.s pour les conditions de vie qu’on a maintenant. J’admire (et j’admirais) grandement Betty Friedan, Gloria Steinem, Ruth Bader Ginsburg et Alexandria Ocasio-Cortez pour leurs différents combats sur la place des femmes dans la société. D’autant plus, les femmes de tous les jours, les femmes que je côtoie dans ma vie, mes amies, les mères, les sœurs, les étudiant.e.s non-binaires, tou.te.s ces personnes qui ont leur propre combat personnel et leurs propres aspirations m’inspirent au quotidien. Je tiens à souligner les femmes du Comité santé et bien-être, qui elles aussi m’inspirent à faire de mon mieux et à me dévouer comme déléguée ; Mélanie Tak, Éloïse Cardinal, Jasmine Livie et Aurélie Laplante. Les femmes de l’AGÉÉPUM aussi m’inspirent quotidiennement à devenir une meilleure version de moi-même. Je tiens à mentionner spécialement Gabrielle Manzano St-François, une des externes de l’AGÉÉPUM et aussi une femme trans, qui se bat pour ses droits et qui m’inspire à m’exprimer sans peur et sans limite sur mes convictions, comme elle le fait si bien.

Photo prise par Rémy El-Nemr

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