Plus qu’une commotion cérébrale – Par Camille Comeau

J’ai débuté l’été en jonglant trois emplois et deux bénévolats, comme bien d’autres étudiant.e.s en psychologie, dans le but d’étoffer mon CV pour l’application aux cycles supérieurs. Mais mon été, je l’ai terminé en étant incapable de lire et incapable d’attacher mes souliers sans supervision. Habituée à mémoriser une grande quantité d’informations en vue d’un examen, le lendemain, je me suis retrouvée à avoir de la difficulté à retenir une liste de deux items. Une commotion cérébrale, c’est plus qu’un simple mal de tête : pour moi, les répercussions durent longtemps et ont un impact sur plusieurs domaines de ma vie.  

Pendant que tout le monde profitait des derniers moments de l’été, une simple glissade dans les escaliers m’a apportée à l’hôpital. Après plusieurs jours, le verdict est tombé : commotion cérébrale sévère accompagnée d’un petit accident vasculaire cérébrale (AVC). Les séquelles étaient nombreuses : maux de tête, fatigue, problèmes visuels et d’équilibre… et l’école commençait dans quatre semaines. 

En 2016, Statistique Canada recense 46 000 cas de commotions cérébrales chez les jeunes âgé.e.s de 5 à 19 ans (Statistique Canada, 2019). Ce chiffre énorme ne comprend pas tous les cas qui ne se sont pas rendus à l’urgence, ce qui risque d’être encore plus élevé, étant donné qu’un.e canadien.ne sur deux ne connaît pas ce que sont les commotions cérébrales (Statistique Canada, 2019). Il ne serait donc pas étonnant que le nombre de commotions cérébrales soient sous-estimé. Je ne suis pas la seule à vivre ça… Malgré que le phénomène soit répandu, j’ai constaté que l’école n’est pas un environnement adapté pour les personnes souffrant de commotions cérébrales : les lumières, le bruit, et les cours qui durent trois heures… Le retour fut éprouvant. 

S’adapter à ma nouvelle réalité, c’est un défi au quotidien. J’ai dû apprendre l’autocompassion : respecter les limites de mon corps, être à l’écoute. C’est toute une épreuve quand on est habitué.e à la performance. S’offrir la même gentillesse et bienveillance qu’on offre aux autres, ce n’est pas évident! 

Toutefois, pratiquer l’autocompassion dans un environnement qui tourne autour de la compétition, c’est difficile. Tout un défi d’écouter ses collègues de classe parler de leurs engagements parascolaires, des professeur.e.s qu’iels contactent pour les cycles supérieurs. Par moments, je suis envieuse : j’aurais tellement aimé être en état de faire les mêmes démarches. Tout de même, la plupart du temps, je me sens chanceuse d’être où j’en suis rendue, parce qu’être à l’école malgré tout,  c’est un accomplissement en soi. 

Tranquillement, je m’améliore. Trois semaines après l’accident, j’ai été capable de lire 15 minutes : c’était une grande victoire. Cinq semaines après, j’ai conduit mon auto et j’ai été au restaurant avec des ami.e.s, une autre victoire. Certes, il me reste un long chemin de réhabilitation devant moi. Cependant, parmi tout ça j’ai appris à ralentir, à m’écouter et à respecter mes limites. 

Texte révisé par Myriam Harvey

Références 

Meo. (2017, 10 décembre). pexels-meo-724994. [image en ligne]. Pexels. https://www.pexels.com/photo/photo-of-head-bust-print-artwork-724994/ 

Statistiques Canada. (2019, 19 juillet). Commotions cérébrales : Activités sportives et récréatives. Éducation et sensibilisation. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/maladies/commotions-cerebrales-signes-symptomes/activites-sportives-recreatives.html

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