Si je demande à la plupart des gens : « est-ce que vous savez ce qu’est l’identité? », il est bien évident que la réponse sera à l’affirmative. Cependant, si je demande plutôt : « pouvez-vous me définir ce qu’est l’identité? », cette fois-ci, la définition variera probablement pour la majorité des personnes. C’est tout à fait normal, puisque l’identité, c’est un concept beaucoup plus large que ce à quoi on s’y attend.
Notre identité, c’est fondamental, c’est qui nous sommes. Notre identité, ça comprend notre personnalité, nos valeurs, nos croyances, mais bien plus encore. En psychologie, on conceptualise l’identité selon son aspect personnel, mais aussi selon son aspect social. Premièrement, l’identité personnelle comporte l’ensemble de nos caractéristiques individuelles, allant de tout ce qui compose notre psyché, jusqu’à notre physique (Juskenaite et al., 2016). Contrairement à la croyance populaire, l’identité ne touche pas que nous-même. C’est un concept qui englobe également la façon dont les autres nous perçoivent, comment nous entrons en relation avec eux, ainsi que nos rôles sociaux (Juskenaite et al., 2016). C’est ce qu’on nomme l’identité sociale. C’est un concept qui peut sembler vague, mais qui est tout aussi important que l’identité personnelle.
Ce qui est primordial de comprendre ici, c’est que l’identité sociale et l’identité personnelle sont des concepts indissociables, interdépendants et qui s’interinfluencent en permanence. La façon dont nous nous représentons notre identité est influencée par la façon dont les autres nous perçoivent.
Le tout peut sembler très théorique, mais c’est un concept de base dans notre vie quotidienne, qui vient toucher chaque moment de notre existence. Puisque notre identité est interreliée avec la perception que les autres ont de nous, nos interactions sociales façonnent qui nous sommes. Un des domaines de vie qui nous offre le plus de contacts sociaux et qui est omniprésent dans notre quotidien, c’est le domaine de la famille. En effet, pour le meilleur et pour le pire, pratiquement chaque être humain en possède une, qu’elle soit constituée de façon plutôt traditionnelle ou non. Cela signifie que, dans la majorité des cas, c’est notre famille qui va nous aider à développer notre sens de l’identité, et ce, dès notre plus jeune âge.
Au tout début de sa vie, le nouveau-né apprend qu’iel est distinct de l’environnement qui l’entoure. Au fil du temps, cette identité va évoluer vers quelque chose de beaucoup plus complexe et nuancé, notamment au cours de l’adolescence, où l’enfant.e apprend à distinguer ses intérêts et ses besoins de ceux de ses parent.e.s. Ce qu’il y a de commun entre ces étapes, c’est l’importance de la famille. En effet, c’est grâce à la présence d’une figure parentale que le nourrisson parvient à se voir comme un être distinct, et c’est grâce aux idéaux parentaux qui lui ont été transmis durant l’enfance que l’adolescent.e peut choisir ceux dont iel désire incarner, et ceux dont iel désire se distinguer.
L’adolescence est une période critique durant laquelle nous redéfinissons notre identité. Nous grandissons dans un ensemble de valeurs qui nous a été imposé par nos parent.e.s, plutôt que choisi. L’adolescent.e cherche à redéfinir son identité, ce qui s’avère souvent complexe dans une dynamique familiale, particulièrement lorsque la nouvelle identité est incongruente avec ce que perçoivent les parent.e.s de leur enfant.e. C’est pourquoi cette période est souvent vue comme tumultueuse. Toutefois, la formation de l’identité à l’adolescence est une période normative du développement de l’enfant.e (Erikson, 1963), c’est-à-dire que « tout le monde passe par là ».
L’adolescent.e devra donc choisir ses buts, ses croyances et ses valeurs, en remettant en question ceux imposés par sa famille, afin de consolider ceux qu’iel a choisi et de les intégrer à son identité (Côté, 2009). C’est un processus qui est nécessaire à un développement optimal, puisque si cette étape n’est pas franchie, iel se retrouve avec une identité diffuse : l’adolescent.e ne fait aucun engagement quant à son identité et iel se retrouve sans guide pour le restant de sa vie (Lumens, s.d.). D’ailleurs, une identité coincée à ce stade est corrélée avec une faible estime de soi, une faible capacité à s’affirmer et même des relations interpersonnelles insatisfaites. C’est donc une étape majeure dans la vie qui doit être traversée, sans quoi l’adulte peut en subir des conséquences qui la.le marqueront toute sa vie.
En conclusion, l’identité est un concept qui est très vaste, et dont on sous-estime parfois l’importance. Toutefois, elle touche tous les aspects de notre vie, tant au niveau personnel qu’au niveau interpersonnel. C’est pourquoi la redéfinition de l’identité à l’adolescence est un processus qui est marquant pour une personne et dont la teinte est définitivement de couleur sociale. C’est à partir de ce que les parent.e.s inculquent à leurs enfant.e.s que ces dernier.ère.s seront capable de construire l’identité qui les accompagnera toute une vie. Certes, l’identité est un processus en constante évolution et plusieurs autres étapes de vie viendront façonner qui nous sommes : notre choix d’éducation, notre choix d’emploi, notre choix de fonder à notre tour une famille ou non, etc. Il est important de rester ouvert.e aux changements et d’accepter qui nous sommes vraiment, puisque c’est ce qui nous permet entre autres d’être heureux.euse.
Texte révisé par Dorothée Morand-Grondin
Références
Côté, J. E. (2009). Identity Formation and Self-Development in Adolescence. Dans R.M. Lerner et L. Steinberg (dir), Handbook of Adolescent Osychology : Individual Bases of Adolescent Development (266-304). John Wiley and Sons Inc. https://psycnet.apa.org/doi/10.1002/9780470479193.adlpsy001010
Erikson, E. H. (1993). Childhood and society. WW Norton & Company.
Geralt. (16 mars 2015). Diriger Point D’Interrogation Pensée [image en ligne]. Pixabay. https://pixabay.com/fr/illustrations/diriger-point-d-interrogation-pense-674129/
Identity Development Theory. (s.d.). Lumen. https://courses.lumenlearning.com/adolescent/chapter/identity-development-theory/
Juskenaite, A., Becquet, C., Eustache, F., et Quinette, P. (2016). L’identité: une représentation de soi qui accommode la réalité. Revue de neuropsychologie, 8(4), 261-268. https://doi.org/10.3917/rne.084.0261