Émotions, spiritualité et moines bouddhistes – Par Laurence Lessard

Nous avons tous.tes une image assez stéréotypée de ce qu’est un moine bouddhiste. Un moine, c’est une personne religieuse ayant prononcé des vœux solennels et qui vit généralement cloîtré, solitairement (CNRTL, 2012). Quelqu’un qui passe la plupart de son temps à méditer, à cultiver sa sagesse, à comprendre les fondements du monde qui l’entoure, de façon spirituelle. Le bouddhisme, quant à lui, est une religion ayant été fondée par Gautama le bouddha. Les valeurs transmises sont la bienveillance, la tolérance, le respect de la vie sous toutes ses formes (Bernard, 1878). 

Peut-être que certain.e.s ont l’impression que les moines bouddhistes sont des personnes surhumaines, infatigables, ayant développé une tolérance inébranlable. Il va sans dire que ces derniers sont des êtres normaux, vivant des émotions, au même titre que vous et moi.

Depuis les dernières années, on peut voir défiler des informations concernant des moines emplis de haine. Une minorité de moines pratiquant la religion bouddhiste se considère islamophobe et va même jusqu’à utiliser la violence. (Paré, 2017) On peut considérer ces personnes comme des ex-bouddhistes. Ayant violé des vœux solennels, les personnes non-violentes respectant les valeurs du bouddhiste ne les considèrent plus comme appartenant à la religion. Les raisons fondant cette haine envers l’islam s’apparentent à l’absence d’ouverture à la différence, au droit de l’autre à avoir les croyances qui lui sont propres, ce qui est, visiblement, contre les valeurs du bouddhisme.

Alors quelle est l’émotion qui règne chez les personnes bouddhistes? Certain.e.s nommeront le bonheur, comme Gelong Thubten, qui, devenu un moine bouddhiste, a réussi à faire la paix avec lui-même. Il explique, dans son ouvrage, comment la religion, la méditation et la pleine conscience ont changé sa vie, lui ont permis de comprendre ses émotions et ses pensées. (Thubten, 2020)

En général, les moines bouddhistes adopteront un mode de vie simple, centré sur la méditation. Il faut noter que malgré les croyances, les moines peuvent choisir, à tout moment, de ne plus être moine. Cette liberté de choix, dépeinte par le bouddhisme, sous-entend qu’à part sous forme de pression, un individu ayant choisi de s’adonner complètement à un mode de vie spirituel régi par des règles peut, à n’importe quel moment, revenir sur sa décision et aller vivre une toute autre vie. Je pense que ce simple choix forge la grandeur de l’acte de rester un moine bouddhiste. Rien ne vous y oblige, vous restez, jour après jour, dans cette routine simple et spirituelle que vous avez choisie.

Ils peuvent se lever très tôt, effectuent beaucoup de prières durant leur journée, ne mangent parfois qu’un repas par jour. Outre la valorisation des personnes bouddhistes autour d’elleux, les moines sont certainement motivés, un tant soit peu, par la spiritualité associée au fait d’être moine. Richard Bergeron, un professeur émérite de théologie à l’Université de Montréal, image la spiritualité comme suit : « Marcher dans la vie spirituelle, c’est s’intérioriser, c’est-à-dire, s’abreuver au-dedans de soi, boire à sa propre source et agir du dedans ». Cette forte métaphore laisse paraître les émotions riches, puissantes et pourtant si neutres qui peuvent découler de la spiritualité. C’est dire que si cet état d’esprit suffit à contenter des êtres humains d’un mode de vie si simpliste, il semble qu’il faut que quelque part, quelque chose manie le tout, qu’un équilibre soit présent, capable d’assouvir autrement tous les autres besoins humains. 

Peut-être est-ce précisément cet équilibre qu’ont trouvé les moines bouddhistes.

Révisé par Melissa Messaoudene

Références 

Bergeron, R. (2002). Renaître à la spiritualité (1re éd., vol. 1). FIDES.

Bouddhisme. (2012). Dans CNRTL. https://www.cnrtl.fr/definition/bouddhisme

Efes. (2017, 1er février). [Moine bouddhiste assis] [image en ligne]. Pixabay. https://pixabay.com/fr/illustrations/gar%c3%a7on-s-asseoir-parapluie-2028088/ 

Odysway. (2019, 6 décembre). La vie d’un moine bouddhiste. https://odysway.com/vie-moine-bouddhiste 

Paré, I. (2017, 19 octobre). Le paradoxe des « bouddhistes » myanmarais. Le Devoir. https://www.ledevoir.com/monde/asie/510744/le-paradoxe-des-bouddhistes-birmans

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