Les émotions sont fondamentales chez l’être humain et ont énormément évoluées à travers le temps. Celles-ci dictent, sur une base quotidienne, nos pensées, nos actions, nos opinions et bien plus encore. Toutefois, bien que ce concept présente un aspect social indéniable, des questions neurobiologiques doivent être adressées afin de comprendre l’entièreté de ce que sont nos fameuses émotions. Nous le savons tous.tes, tout part du cerveau. C’est pourquoi cet article explore les émotions sous un angle neuro-scientifique. Alors, qu’est-ce que sont les émotions ? D’où viennent-elles ? Y a-t-il un siège des émotions enfoui dans notre cerveau ? Et, finalement, sommes-nous en mesure de bien répondre à ces questions ?
Tout d’abord, il est important de comprendre que le mot émotion n’est pas utilisé dans un but ou contexte précis. Il désigne, en fait, ce que les Romains appelaient motus qui se traduit en français par « mouvement de l’âme » (Tcherkassof et Frijda, 2014). En fait, ce mot englobe un ensemble de phénomènes réactionnels face à notre environnement (Tcherkassof et Frijda, 2014).
Les différents processus associés aux émotions sont, dans la littérature, plus ou moins compris et les neuroscientifiques ne sont pas en mesure de formellement répondre à toutes les questions qui leur sont liées. En effet, la communauté scientifique est mitigée par rapport aux émotions, à leur rôle et au lien qu’elles ont avec notre cerveau. En fait, certains.es scientifiques jugent impératif d’interpréter les émotions à différents niveaux (social, culturel, etc.) et croient que les émotions font partie de la survie sociale des êtres humains. D’autres experts, eux.elles, accordent moins d’importance à la signification sociale des émotions et débattent sur le fait que notre cerveau est plutôt programmé afin de nous faire survivre et que les émotions sont donc simplement un processus biologique naturel fonctionnant par l’entremise de neurotransmetteurs.
Les neurotransmetteurs sont des molécules qui assurent la transmission de l’information entre les cellules du cerveau (les neurones) dans un but précis (Dictionnaire LeRobert en ligne, 2016). Plusieurs neurotransmetteurs semblent être impliqués dans différents systèmes qui sont liés à nos émotions. Par exemple, la dopamine est connue pour être impliquée dans le processus motivationnel ainsi que le système de récompense (Silber et Schmitt, 2009). C’est pourquoi cette molécule est souvent associée, indirectement, au sentiment de plaisir. De plus, il semblerait que les neurotransmetteurs jouent un rôle primordial dans la gestion des émotions (Silber et Schmitt, 2009).
Durant longtemps, et pour certains.es chercheurs.ses, le système limbique était identifié comme étant le siège des émotions. Selon eux.elles, ce système regroupait les régions impliquées dans plusieurs processus émotionnels. Cependant, nous savons aujourd’hui que le système limbique ne correspond pas à tous les systèmes impliqués dans les réponses émotionnelles (https://lecerveau.mcgill.ca). En bref, ce système fait l’objet de recherches en cours pour mieux comprendre le processus complexe de la régulation émotionnelle au niveau cérébral.
Bien qu’il soit indéniable qu’il reste une marge d’amélioration dans la compréhension des phénomènes émotionnels, plusieurs structures cérébrales ont été associées à des émotions précises. Un exemple commun est l’amygdale et la peur. Plusieurs recherches en laboratoire suggèrent que l’amygdale serait une région essentielle dans la régulation de la peur puisque cette région est grandement impliquée dans la perception du danger et des menaces (Terburg et al., 2018). Ceci générerait ensuite des réponses de peur comme la fuite, par exemple. Il est à noter que toutes nos réponses émotionnelles ne sont pas générées par une seule région cérébrale, mais bien par plusieurs en même temps.
Il est également important de souligner que les émotions ont un rôle primordial à jouer dans notre vie sociale puisque celles-ci sont modelées par nos interactions sociales et sont essentielles au développement et au maintien de nos relations (Tcherkassof et Frijda, 2014).
En conclusion, il ne semblerait pas y avoir de siège précis des émotions dans le cerveau puisque celles-ci sont des réponses complexes qui impliqueraient plusieurs régions cérébrales. Elles seraient donc le fruit d’un processus biologique générées par un stimulus spécifique dans notre environnement. Toutefois, malgré cette ambiguïté, il est à noter que plusieurs régions clefs sont essentielles dans la régulation des différentes émotions. Comme pour toute autre information traitée par notre cerveau, plusieurs régions interagissent entre elles pour réguler l’entièreté de l’aspect émotionnel chez l’être humain. Cette complexité et incertitude sont, sans doute, ce qui rend les émotions encore plus belles et authentiques, d’autant plus qu’elles sont vécues différemment chez chacun.e.
Texte révisé par Angélique Légaré
Références
GDJ. (2020, 5 juillet). [Cerveau et cœur] [image en ligne]. Pixabay. https://pixabay.com/fr/vectors/cerveau-c%c5%93ur-%c3%a9couter-corps-5371476/
Neurotransmetteur. (2016). Dans Dictionnaire LeRobert en ligne. https://dictionnaire.lerobert.com/definition/neurotransmetteur
Silber, BY. et Schmitt, JA. (2009). Le rôle des neurotransmetteurs dans la gestion des émotions. PiLeJe Micronutrition. https://www.pileje.fr/revue-sante/role-neurotransmetteurs-emotions
Tcherkassof, A. et Frijda, N. (2014). Les émotions : une conception relationnelle. L’Année psychologique, 114, 501-535. https://doi.org/10.3917/anpsy.143.0501
Terburg, D., Scheggia, D., Triana del Rio, R., Klumpers, F., Ciobanu, A. C., Morgan, B., Montoya, E. R., Bos, P. A., Giobellina, G., van den Burg, E. H., de Gelder, B., Stein, D. J., Stoop, R. et van Honk, J. (2018). The Basolateral Amygdala Is Essential for Rapid Escape: A Human and Rodent Study. Cell. 175(3), 723-735.e16. https://doi.org/10.1016/j.cell.2018.09.028