Peut-être avez-vous déjà entendu ou même vécu, surtout depuis la pandémie de Covid-19, le fait que les animaux domestiques semblent nous aider lorsque nous allons moins bien. Que lorsqu’une personne est malade ou triste, les animaux semblent lui apporter du bien-être. Et si les animaux étaient un facteur aidant important pour notre santé, en particulier celle mentale ?
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Les animaux de compagnie, que ce soit les traditionnel.le.s chat.te.s et chien.ne.s ou d’autres moins communs comme ceux de la ferme, semblent avoir un effet bénéfique sur le stress et la solitude de leurs propriétaires (Watson, 2020). La solitude, étant liée à une augmentation des risques des problèmes de santé mentale, comme la dépression et l’anxiété, peut être réduite grâce à la présence des animaux (Watson, 2020). Leur compagnie semble donc représenter un effet protecteur contre la dépression et l’anxiété. En général, les propriétaires d’animaux semblent ainsi avoir une meilleure estime d’elleux-mêmes, être en meilleure forme physique, ressentir moins de solitude et être moins préoccupé.e.s que les personnes n’étant pas en contact régulier avec des animaux (American Psychological Association, 2011).
Impact durant le confinement du printemps 2020
Une étude britannique a analysé l’impact des animaux sur la santé mentale et le sentiment de solitude des adultes durant le confinement du printemps 2020. Elle a révélé que les personnes étant en contact avec des animaux (chat.te.s, chien.ne.s, chevaux, par exemple) pendant cette période ont été capables de mieux supporter le confinement et ont eu moins de répercussions négatives sur leur santé mentale, en plus de se sentir moins seules (Ratschen et al., 2020). Leurs animaux ont ainsi été une source importante de support émotionnel, et ce, sans différence significative entre les espèces animales. Cela peut notamment s’expliquer par le fait que les propriétaires d’animaux sont resté.e.s actif.ve.s et ont pu continuer à se sentir connecté.e.s aux autres grâce à cette présence animalière. À l’inverse, les personnes n’ayant pas eu d’animaux en leur compagnie ont noté une petite dégradation de leur santé mentale et une légère augmentation de leur sentiment de solitude durant le confinement (Ratschen et al., 2020).
Cependant, les personnes rapportant avoir un fort lien d’attachement avec leurs animaux avaient également une santé mentale plus fragile avant le confinement (Ratschen et al., 2020). Cela suggère que des liens étroits entre les animaux et les propriétaires peuvent indiquer une vulnérabilité psychologique chez ces dernier.ère.s. De plus, parmi les propriétaires d’animaux, les deux tiers ont rapporté s’inquiéter à propos de leurs compagnon.ne.s (Ratschen et al., 2020). Ce stress concernait notamment l’accès plus restreint à des soins vétérinaires et à de la nourriture pour leurs animaux durant le confinement. Aussi, certaines personnes ont été préoccupées concernant ce qu’il adviendrait de leurs animaux si elles-mêmes attrapaient la Covid et de la façon dont leurs animaux supporteraient leur absence après le confinement, suite à un retour aux activités habituelles. (Ratschen et al., 2020).
Selon les auteur.e.s de cette étude, même si les différences, quant à la santé mentale et au sentiment de solitude, entre les personnes ayant des animaux et celles n’en ayant pas étaient significatives, elles étaient tout de même relativement faibles (Ratschen et al., 2020). Ainsi, il importe d’interpréter les résultats obtenus avec prudence. Il est donc davantage approprié de dire que le fait d’être en contact avec des animaux a atténué certains effets négatifs dus au confinement, plutôt que de dire que les animaux ont protégé leurs propriétaires de problèmes de santé mentale et d’un sentiment de solitude (Ratschen et al., 2020).
Propriétaires de longue date
Les causes d’environ un tiers des cas de démences, dont l’Alzheimer, sont d’origines modifiables (Applebaum et al., 2022). Il peut s’agir, entre autres, d’un manque d’activité physique, d’isolement, de dépression ou de stress chronique. Ainsi, une modification du style de vie peut prévenir, dans plusieurs cas, les risques de démence. Une étude montre justement que les adultes ayant été propriétaires d’animaux durant de nombreuses années semblent bénéficier d’une meilleure protection cognitive (Applebaum et al., 2022). En effet, il semble que l’ocytocine, connue comme l’hormone de l’amour, qui contribue notamment à l’attachement, soit sécrétée lors d’interactions avec des animaux. Aussi, comme l’ocytocine semble être bénéfique pour la cognition sociale et l’encodage mnésique d’informations et de souvenirs, elle semble jouer un rôle dans la santé cognitive (Applebaum et al., 2022).
De plus, les adultes étant propriétaires d’animaux depuis longtemps font en général plus d’activité physique et ont moins de risques de développer du diabète et de l’hypertension. Aussi, comme le stress chronique a un effet délétère sur le cerveau, en particulier sur les régions impliquées dans la mémoire verbale, cela mène à un risque accru de développer des troubles cognitifs, notamment l’Alzheimer (Applebaum et al., 2022). Ainsi, comme précédemment mentionné, la compagnie des animaux aide à réduire le stress et donc, potentiellement les risques de démence. Par contre, cette étude rapporte aussi que comparativement aux adultes n’étant pas propriétaires d’animaux, celleux qui l’étaient avaient tendance à avoir une plus grande incidence de dépression, ce qui suggère que les personnes dépressives sont plus enclines à chercher le contact avec des animaux à titre de soutien social (Applebaum et al., 2022).
Thérapie animale à l’université
Une étude montre également que le fait de passer aussi peu que dix minutes avec des animaux permet de réduire le taux de cortisol, une hormone de stress, dans le corps (Cassella, 2019). En effet, dans le cadre d’un programme où des animaux (chat.te.s et chien.ne.s) étaient apportés sur un campus universitaire, quatre groupes d’étudiant.e.s ont été comparés. Le premier groupe passait dix minutes avec les animaux, le deuxième groupe attendait en file et regardait le premier groupe interagir avec les animaux, le troisième groupe ne voyait que des images d’animaux et le quatrième groupe n’a pas du tout été exposé à des animaux. Les résultats montrent que le premier groupe, celui qui était en contact direct avec les animaux, avait un taux de cortisol salivaire significativement inférieur à celui des trois autres groupes, et ce même plusieurs minutes après l’expérience (Cassella, 2019). De même, une autre étude montre que le fait de faire une session de thérapie animale durant une quinzaine de minutes seulement permet de réduire presque immédiatement le stress et la pression sanguine des étudiant.e.s (Cassella, 2019).
Thérapie animale et troubles de santé mentale
Les animaux semblent également avoir un impact positif dans la vie des personnes ayant des troubles de santé mentale plus sévères, tels la bipolarité et la schizophrénie (Watson, 2020). Cependant, les résultats sont mitigés d’une étude à l’autre. Ainsi, dans certaines, il ne semble pas y avoir de différence significative par rapport à la santé mentale, les contacts sociaux et le sentiment de solitude entre les personnes étant propriétaires d’animaux et celles ne l’étant pas (Brooks et al., 2018).
À l’inverse, dans d’autres études, il semble y avoir des bénéfices associés à la présence des animaux. En effet, une étude montre que la compagnie des animaux pour les vétéran.e.s victimes du syndrome de stress post-traumatique semble réduire leur sentiment de solitude, leurs symptômes de dépression, leur inquiétude et irritabilité, et augmenter leur sentiment de calme (Brooks et al., 2018). Certaines personnes vivant avec des problèmes de santé mentale disent également que, dans les moments plus difficiles, leurs animaux de compagnie « ressentent » qu’elles ont besoin d’aide et viennent alors les supporter. Certains animaux, en particulier les chien.ne.s pourraient ainsi, de façon intuitive, améliorer l’état psychologique de leurs propriétaires, grâce à leur contact physique réconfortant (Brooks et al., 2018).
Les animaux semblent ainsi être une source de distraction importante. Il semblerait qu’ils permettent à leurs propriétaires d’être moins focalisé.e.s sur le fait, par exemple, qu’iels font une crise de panique, entendent des voix ou ont des idées suicidaires (Brooks et al., 2018). Justement, des personnes victimes de stress post-traumatique disent être encore tout de même très affecté.e.s par leurs traumas, mais que les impacts négatifs associés sont atténués en présence des animaux (Brooks et al., 2018). Aussi, les propriétaires d’animaux disent avoir davantage et de meilleures relations sociales. En effet, lorsqu’accompagné.e.s de leurs animaux, iels se sentiraient plus confiant.e.s et ouvert.e.s lors de conversations avec autrui. Les animaux de compagnie peuvent ainsi être également bénéfiques pour les personnes autistes, qui ont tendance à avoir plus de difficultés à interagir avec les autres (Brooks et al., 2018).
Bien que plusieurs de ces résultats soient encourageants et porteurs d’espoir, il convient de préciser que toustes ne peuvent pas être propriétaires d’animaux, que ce soit pour des raisons financières, légales (ce n’est pas dans tous les logements que les animaux sont acceptés, par exemple) ou autres (Brooks et al., 2018). De plus, même si les bienfaits apportés par les animaux sur la santé humaine diffèrent d’une étude à l’autre et peuvent être nuancés, il n’en demeure pas moins que de permettre à celleux qui le désirent de prendre contact avec des animaux ne peut être qu’une solution supplémentaire en vue de pouvoir jouir d’une meilleure santé, en particulier celle mentale. En n’étant pas nécessairement propriétaires, mais simplement en pouvant bénéficier d’un contact animalier régulier, que ce soit à l’école, au travail ou dans les soins de santé, les personnes le souhaitant pourraient ressentir plusieurs effets bénéfiques dans leur vie, contribuant par le fait même à des retombées positives sur leur entourage.
Texte révisé par Nevena Popova
Références
American Psychological Association. (2011). The Truth About Cats and Dogs: Pets Are Good for Mental Health of ‘Everyday People’. https://www.apa.org/news/press/releases/2011/07/cats-dogs
Applebaum, J. W., Shieu, M. M., McDonald, S. E., Dunietz, G. L. et Braley, T. J. (2023, mars). The Impact of Sustained Ownership of a Pet on Cognitive Health: A Population-Based Study. Journal of Aging and Health, 35(3-4), 230-241. https://doi.org/10.1177/08982643221122641
Brooks, H. L., Rushton, K., Lovell, K., Bee, P., Walker, L., Grant, L. et Rogers, A. (2018, 5 février). The power of support from companion animals for people living with mental health problems: a systematic review and narrative synthesis of the evidence. BMC Psychiatry, 18(31). https://bmcpsychiatry.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12888-018-1613-2
Cassella, C. (2019, 18 juillet). Study Shows The Effect Petting Your Dog or Cat Has on Stress Levels. Science Alert. https://www.sciencealert.com/petting-a-cat-or-dog- for-just-ten-minutes-can-lower-your-stress-hormones-study-finds
Junglevet. (2020, 2 novembre). La zoothérapie, des animaux pour se sentir mieux [image en ligne]. https://blog.junglevet.fr/tout-savoir-zootherapie
Ratschen, E., Shoesmith, E., Shahab L., Silva, K., Kale, D., Toner, P., Reeve, C. et Mills, D. (2020, 25 sept.). Human-animal relationships and interactions during the Covid- 19 lockdown phase in the UK: Investigating links with mental health and loneliness. Plos One, 15(9). https://journals.plos.org/plosone/article/file?id=10.1371/journal.pone.0239397&ty pe=printable
Watson, C. (2020, 29 sept.). Pets Can Be a Mental Health Buffer During The Stress of Lockdown, Study Shows. Science alert. https://www.sciencealert.com/a-pet-can- act-as-a-mental-health-buffer-during-lockdown-survey-finds