- Parle-nous un peu de toi. Quel est ton parcours universitaire ? Quelles ont été tes implications dans la vie étudiante ?
J’ai un parcours universitaire très typique : j’ai fait mon baccalauréat en neuroscience cognitive, option neuropsychologie et cheminement Honor. J’ai été réviseure en chef du journal l’Amnésique pour le mandat 2021-2022. J’ai vraiment aimé mon expérience, car j’étais en contact avec une grande équipe de rédaction et de révision et je voyais les retombées concrètes de mon travail grâce aux publications du journal. Pour ma dernière année, je n’y suis pas allée de main morte avec mon implication ! Je suis la déléguée du bac en neuroscience cognitive au sein du bureau exécutif, je suis officière du comité des finissant.e.s et je suis bénévole au café Le Psychic. J’adore la combinaison de mes tâches qui me permettent de faire plein d’activités diversifiées et d’avoir de bons contacts avec la communauté étudiante.
- Pourquoi as-tu décidé de t’impliquer ?
Je dois avouer que comme je fais de l’anxiété sociale, être en présence de beaucoup de gens est difficile pour moi, et ça a empiré avec le confinement. J’ai donc décidé d’essayer de combattre le feu par le feu en m’exposant à des situations dans lesquelles je devrais travailler ça. Quand tout a recommencé à être en présentiel, j’ai donc décidé de commencer à m’impliquer. Je crois pouvoir affirmer que ça a eu l’effet escompté, car j’ai réussi à faire plein de belles choses et à tisser des liens avec plein d’étudiant.e.s extraordinaires !
- Comment arrives-tu à trouver un équilibre entre ton implication dans la vie étudiante, les exigences de ton parcours académique et ta vie sociale ?
D’abord, j’ai toujours mis l’école en priorité. Ce n’est donc pas difficile pour moi de garder l’importance que j’accorde à mes études. Ensuite, je dirais que ma vie sociale et mon implication étudiante sont assez imbriquées, car plusieurs de mes ami.e.s proches sont aussi exécutant.e.s et car le fait d’alimenter la vie étudiante grâce à mon implication m’apporte de belles rencontres ! C’est sûr qu’il y a eu des moments où j’avais plus de difficulté à respecter les limites que je me suis imposées, comme pendant les examens et à la veille de gros événements associatifs, mais je crois que le plus important est de ne pas oublier pourquoi je fais ce que je fais : pour le plaisir. Je n’hésite donc pas à recentrer mes priorités une fois de temps en temps pour m’assurer que mon implication soit plaisante et variée, sans trop « bouffer » mon temps dans les autres sphères de ma vie !
- Qu’est-ce que t’impliquer dans la vie étudiante t’a apporté (expériences vécues, compétences, etc.) ?
Comme je suis une personne assez gênée et anxieuse, j’ai vraiment eu à adapter mon mode de pensée pour pouvoir dire mon opinion lors des rencontres, que ce soit avec mes collègues et auprès du Département de psychologie. J’ai toutefois vu une belle amélioration chez moi et ça m’a permis de développer une meilleure confiance et un meilleur esprit critique. Avoir la liberté d’organiser les événements que je voulais pour les étudiant.e.s m’a aussi apporté beaucoup de créativité et m’a permis de sortir la leader en moi ! Au-delà des compétences que j’ai développées, je crois que le sentiment du devoir accompli est la plus belle chose qui ressort de mon implication : la satisfaction des gens vis-à-vis la fameuse Journée Carrière en est un bel exemple ! Des mois de travail acharné ont porté fruit et cette expérience (et bien d’autres) restera gravée dans ma mémoire pendant longtemps.
- As-tu fait face à des défis durant ton implication parce que tu es une femme/personne non-binaire ?
J’ai la chance d’exercer mes fonctions bénévoles dans un programme majoritairement féminin (de moins en moins, mais quand même), donc c’est un enjeu que j’ai rencontré peu de fois. Toutefois, on me dit souvent que j’en fais trop, que je dois faire attention pour ne pas flancher devant toutes mes responsabilités. On me le dit très souvent et j’entends aussi mes collègues féminines se faire dire cela, beaucoup moins que mes collègues masculins. J’ai l’impression qu’on pense que je suis fragile et que ça signifie je ne suis pas « capable d’en prendre », du moins pas autant que si j’étais un homme. J’aimerais qu’on arrête de penser aux femmes et aux personnes non-binaires qui s’impliquent comme des personnes fragiles qui en ont beaucoup sur les épaules, et qu’on nous voit plutôt comme des personnes fortes, des exemples à suivre et des modèles de motivation et de persévérance.
- Quels aspects de la vie étudiante devraient être remaniés de manière à mieux représenter la communauté des femmes/personnes non-binaires selon toi? Cela peut être par rapport aux comités, aux cours, aux événements étudiants, aux documents universitaires…
Dans les cours, il manque de personnages féminins ! J’ai dû attendre à ma dernière session de bac pour qu’on me présente un ensemble de femmes pionnières en science, dont les découvertes ont été volées par des hommes. J’aimerais vraiment que la science au féminin soit mieux représentée dans nos cours. Il pourrait même y avoir un cours sur le leadership féminin ou sur la place des femmes en STEM, je crois que ce serait hyper intéressant. La vie étudiante me semble assez diversifiée à ce niveau, grâce au comité féministe et notamment à ce beau projet ! La seule suggestion que j’aurais est peut-être que le comité féministe organise quelques événements conjoints avec d’autres comités tels le comité EDI, le comité sport, santé et bien-être et le comité neuroscience cognitive ! On pourrait alors avoir une perspective encore plus variée de la place des femmes dans différentes facettes de notre société.
- Pour faire cette entrevue, une personne a dû proposer ta candidature. Comment te sens-tu par rapport à ça ?
Je me sens d’abord choyée, puis très reconnaissante ! On ne se fait pas souvent dire si notre travail est reconnu et apprécié quand on est bénévole étudiant.e, alors cette marque de reconnaissance est très importante pour moi. Ce que je fais, je le fais pour les étudiant.e.s, donc je suis contente de savoir que certaines personnes sont satisfaites de mon engagement envers ma communauté ! À toutes les personnes qui m’ont déjà félicitée ou encouragée et à celles qui m’ont nominée, je vous dis un gros merci. Ça me motive encore plus à faire ce que je fais ❤
- Que dirais-tu à une femme/personne non-binaire qui hésite à s’engager ?
Je lui dirais d’abord de se poser la question à savoir ce qui est important pour elle. Il y a tellement de choix dans notre association étudiante que chaque personne qui le veut pourrait s’engager d’une manière ou d’une autre, il suffit de trouver dans quel poste ! C’est donc important de s’arrêter un instant pour réfléchir sur nos valeurs, sur ce que nous voudrions comme vie étudiante et sur ce que nous avons à offrir à la communauté. Une fois cette réflexion faite, je pense que le plus important est de se faire confiance et de ne pas hésiter à demander de l’aide au besoin ! Ne pas oublier nos motivations et ne pas oublier qu’il y a toute une équipe derrière nous pour nous supporter sont les deux conseils que je pourrais donner !
- Que signifie être une femme/personne non-binaire pour toi ?
Ça signifie avoir une voix et pouvoir l’utiliser, même devoir l’utiliser pour faire valoir ses idées. Ça peut vouloir dire plein de choses, mais pour moi, être une femme/personne non-binaire veut dire trouver sa place dans un monde encore trop contrôlé par les hommes et leur faire savoir que nous sommes tout autant à notre place et tout autant compétent.e.s ! Je suis fière d’être une femme impliquée et accomplie, je suis féministe et je n’hésite pas à me servir de ma voix pour que celles après moi n’aient plus à le faire autant.
- Qui t’inspire le plus dans le monde des femmes/personnes non-binaires? Cela peut être une personne que tu connais, une personnalité connue, un personnage de livre, de film, de théâtre…
Ma mère et mes amies proches avant tout. C’est chez les femmes de mon entourage que j’ai su tirer mes convictions et le courage de m’affirmer. Je ne me tiendrais pas aussi fière devant toustes si elles n’avaient pas été là pour recoller les morceaux après des années de remise en question, de déceptions, de hauts et de bas. Pour m’avoir encouragée et soutenue, pour avoir cru en moi et pour être mes modèles encore à ce jour, je leur dis merci.
Photo prise par Rémy El-Nemr