Swipe à droite pour une relation éphémère – par Mégane Therrien

Nous sommes de la génération qui débute ses relations à partir d’un écran. Les sites de rencontre sont utilisés comme plateformes d’expérimentation et d’assouvissement d’un besoin d’attention. Un swipe à droite, trois swipes à gauche, deux swipes à droite, UN MATCH. La conversation dérive sur des sujets qui importent peu pour briser la glace. Puis, vient le message tant attendu (ou pas) : « Chez toi ou chez moi? », « Est-ce qu’on se fait une soirée Netflix and Chill? 😉 » ou bien « Y parait que les roux.sses sont cochon.ne.s ; est-ce que j’ai le droit à une démonstration ? ». La conversation continue sur des sujets superflus, les deux interlocuteur.trice.s sachant pertinemment que cette soi-disant relation finira en plan cul. Toutefois, ce serait bien malaisant de ne pas se parler jusqu’à la date du rendez-vous, lequel est loin d’être galant.

Puis, vient le moment tant attendu. On prend un verre pour se calmer les nerfs, on ne prend même pas le temps d’apprendre à se connaître, on n’a qu’un but en tête. La rencontre se fait en vitesse ; il est hors de question de rester coucher chez l’autre. Tout se fait tellement rapidement et machinalement qu’on n’en tire aucun réel plaisir. On ne se connait tellement pas que l’on n’arrive pas à être réellement à l’aise. On partage un moment d’intimité, sans être intime, se servant mutuellement de l’autre pour combler son besoin sexuel. On ne se rend pas tout à fait compte que, dans le fond, on n’a eu aucun plaisir sachant qu’on était en fait trop gêné.e pour dire ce qui nous plaisait au lit. On se quitte finalement en se faisant croire que c’est la relation qu’on recherchait. On se quitte sans même connaître l’opinion de l’autre sur le moment partagé. On dit qu’on va se retexter, mais on finit par ghoster, parce que, dans le fond, on n’a aucune compatibilité.

Enfin, retour à la case départ, il faut continuer de swiper. Le prochain match nous faisant oublier le précédent, qui nous avait supposément tant charmés avec ses beaux yeux bleus ou son maillot de bain très révélateur. Parfois, quelques-uns refont surface, parce qu’iels se sentent seul.e.s ou parce qu’iels ont besoin de recycler, leur nombre de partenaires sexuel.le.s rendu trop élevé. 

Nous sommes la génération qui a peur de l’intimité et qui fait tout pour ne pas se fixer. On se fait croire qu’on n’est pas encore tombé.e sur le bon ou la bonne, on leur trouve tous les défauts du monde. Les soirées sans lendemain continuent, on reste dans l’évitement et la peur de l’attachement. Il ne faudrait surtout pas perdre notre indépendance ou être blessé.e.s. Ça a bien cliqué ? AUTO-SABOTAGE.

Nous sommes de la génération qui ouvre ses jambes beaucoup plus facilement que son cœur.

Révisé par Charles Lepage


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