Et si ce n’était pas si parfait ? – Par Mégane Therrien

Pendant le temps des fêtes, bien spécial cette année, j’ai amplement eu le temps de faire défiler les pages de mes réseaux sociaux. L’attrait de la perfection apparait dans chacun d’entre eux : Instagram, Facebook, Snapchat, et même Tiktok. En effet, tous reflétaient de la beauté, une esthétique bien travaillée, des moments heureux, des sourires, des outfits   parfaits et des filtres qui se juxtaposent. Les réseaux sociaux ne reflètent pas nécessairement la réalité. Ils reflètent ce que l’on souhaite laisser entrevoir. Chacun et chacune d’entre nous choisit ce qu’iel affiche dans ses publications.

Voici ce que j’ai retenu des publications du temps des fêtes sur Instagram : bouteille de champagne, couple souriant devant un sapin, demande en fiançailles, couple souriant devant un sapin, annonce de grossesse, couple souriant devant un sapin, photo de graduation et, encore une fois, couple souriant devant un sapin. Toutes ces photos et vidéos étaient parfaites. Par « parfaites », je veux évidemment suggérer que l’angle de la photo était bon, que les sourires étaient étincelants et que les citations sous les publications étaient positives, encourageantes, voire quétaine. Je ne veux pas insinuer que ces doux moments ne furent pas réels, mais je veux seulement souligner que tout ce qui fut publié mettait uniquement de l’avant un évènement positif. Pourquoi avons-nous tendance à ne montrer que le meilleur de nous-mêmes sur les réseaux sociaux ? C’est une question que je vous lance, n’ayant pas la réponse. Est-ce parce que nous ne voulons pas démontrer notre vulnérabilité ? Est-ce que nous voulons éviter tout jugement ? Est-ce parce qu’on nous a inconsciemment habitué.e.s à ne voir que le positif et l’esthétiquement parfait ?

Pourtant, la photo floue au bar reflète bien mieux la gaieté de notre soirée que celle où nous sommes tout sourire à poser pour la caméra, n’illustrant nullement tout le plaisir que nous avons ressenti. D’ailleurs, nous préférons habituellement publier ces photos représentant de bons moments plutôt que celles où nous sommes bien éméché.e.s,  couché.e.s sur le plancher de la salle de bain, tout comme nous préférons publier une photo de notre diplôme plutôt que celles de notre parcours universitaire éprouvant. Seulement, il aurait été plus impressionnant de voir les défis par lesquels est passé.e l’étudiant.e. En effet, il aurait été intéressant de voir  qu’il est normal de se questionner, de vouloir tout abandonner, de pleurer parce qu’on ne croit plus pouvoir y arriver, mais que pourtant on poursuit, on repousse nos limites et on s’acharne jusqu’à la ligne d’arrivée. Il serait intéressant de voir comment les couples évoluent jusqu’à la demande en fiançailles. N’ont-ils réellement vécu que du pur bonheur dans les quatre dernières années ? Laissez-moi en douter.

Si nous avions accès aux défis des autres autant qu’aux nôtres, ne serait-il pas plus facile de cesser de comparer nos vies, nos couples, nos corps, tout ce qui nous semble toujours mieux chez les autres ? Ne serait-il pas moins possible de croire que le bonheur n’arrive qu’aux autres ? Personne ne vit de conte de fées et la majorité d’entre nous n’arrive pas à ses fins rapidement et sans embuches. Voir les épreuves que traversent toustes et chacun.e.s nous aiderait peut-être aussi, dans les temps difficiles, à se dire que le positif s’en vient.

Nous vivons sur les réseaux sociaux une vie idéalisée, dans laquelle ne sont présentées que la beauté et la fierté. Nous oublions bien facilement que les défis sont nécessaires pour apprécier les victoires.

Par ailleurs, n’est-il pas plus agréable de voir des photos dans lesquelles les gens ne se prennent pas au sérieux ? De voir des vidéos qui se voulaient esthétiques jusqu’à ce qu’un.e des participant.e.s tombe de manière peu gracieuse ? De voir des photos de quatre filles assises en train de rire à gorge déployée parce que la vie est belle ? Il est temps de dire oui au naturel et de laisser derrière nous les comparaisons avec ce qui semble parfait à première vue. Il est temps d’arrêter de se mettre la pression de cacher nos moindres défauts et nos faux pas. Peut-être serions-nous ainsi plus heureux et heureuses une fois déconnecté.e.s.


Référence

geralt. (2018, 20 octobre). [image en ligne]. Pixabay. https://pixabay.com/fr/illustrations/m%C3%A9dias-sociaux-social-r%C3%A9seau-3758364/


À lire

La transidentité et l’importance de l’ouverture – Par Julianne Savoie

La dépersonnalisation : ce que j’aurais aimé que l’on me dise – Par Rhita Hamdi

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s