S’accrocher – Par Jessica Herrera-Roberge

Je me suis toujours cherchée dans les autres. Parce que seule, je ne ressens rien. Je plane dans le vide sans savoir où donner de la tête. Et c’est difficile de comprendre le vide. De se le présenter de manière rationnelle. Un trop plein de ce que l’on ne veut pas ou un manque de ce que l’on veut le plus. Dans les deux cas, j’y retrouve une sensation de numbness. Je me cherche dans les autres, parce que je ne fais pas confiance à ma tête qui aime s’imaginer tout et n’importe quoi. Qui passe d’une pensée à l’autre. Qui sème l’incohérence dans chaque recoin. Qui chante l’amour, mais qui cherche la laideur. Et, malgré mes quêtes pour trouver les réponses, je ne me comprends simplement pas. Parce que la vérité, c’est que je ne sais pas si j’existe réellement.

Un jour, je commence à mentir et je ne me souviens même plus que je mens. J’agis avec des mécanismes bien instaurés qui semblent être ce que l’on a décidé. La part de l’autre. Je suis divisée, dans ma tête, comme dans mon corps. Dissociée. Je me demande bien quelle partie de moi je préfère. Celle bien contrôlée ou l’autre qui essaie de s’échapper. Si ce n’est que par une petite fente que l’on a oublié de fermer.

Ça doit être la dernière, parce qu’elle fugue souvent. Celle qui s’enfuit dès que l’occasion se présente. Saute, court, sprint. Les jambes plus rapides que les coureur.euse.s olympiques. Mais, c’est une illusion. Parce que l’autre la rattrape, toujours. Telle une ombre qui se cachait derrière elle, elle lui fait maintenant face. « Tu t’en vas où comme ça ? » Ramenée aux barrières de l’esprit. Celles qui contrôlent la folie, l’enfouissent, l’étouffent. Ne fais pas ci, ne fais pas ça. Tu le dois, tu le dois. Parce que sinon, c’est la perte de tout ce que l’on connaît. Ce qui nous rassure. Un attachement qui s’efforce d’implanter ses racines dans un sol sec.

Si j’en avais la force, j’arrêterais tout. Deviendrais une, au lieu de deux. Brûlerais tous les ponts qui me lient à cette autre part de l’esprit. La bête. Dans mon silence, elle s’alimente. Et dans nos batailles, elle exécute. Ne laissant rien sur son passage. Mais, il arrive parfois. Une petite étincelle qui vient me prendre par le bout des doigts. Chatouiller ma curiosité sous la forme d’un autre. Maîtresses, amies, inconnues. Elle chuchote tranquillement dans mes oreilles, this is it. D’une voix envoutante qui me chante les plus belles balades. Qu’à travers ces autres je trouverai mon individualité. Et sans y penser, je me relève et je cours. Parce que ce n’est que dans cette promesse d’un futur paisible que je me sens exister.


Référence

Ibrahim, M. (2017, 28 décembre). [image en ligne]. Unsplash.       https://unsplash.com/photos/jiNgKqKW5W4


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