Celui qui faisait fondre des cœurs – par Jeanne Benoit

Je suis assise à la table de cuisine et je regarde la neige fondre sur le balcon. C’est le printemps qui réchauffe le béton et ça me donne le goût de faire des métaphores sur comment j’ai laissé un inconnu piétiner mon jardin de glace. Je ne sais pas si c’est l’hiver en général ou juste l’igloo dans lequel j’hibernais, mais j’avais arrêté d’écouter la météo. Ça me mettait dans tous mes états de penser que le soleil ne pointerait peut-être plus jamais le bout de son nez pour réchauffer les cœurs fragiles. Puis, un matin, même si c’était froid dehors, j’ai valsé avec un brin de lumière. Le temps d’un instant, j’ai oublié toutes les raisons pour lesquelles j’avais arrêté d’espérer.

C’est qu’on a tendance à éviter les flammes après s’être fait brûler. On aimerait ne plus jamais être vulnérable. On voudrait oublier que le monde se réchauffe, des fois, pour finalement laisser place aux mois plus froids. La vérité, c’est que la terre tourne encore et que l’été va finir par pointer le bout de son nez, je te le promets. Si tu es chanceux un peu, si tu es au bon endroit au bon moment, si tu te sens prêt, ça se pourrait même que la saison ne s’éteigne jamais.

Dans les yeux bleus de mon beau blond, j’ai trouvé tous les camaïeux de couleurs chaudes qu’il me manquait pour recommencer à peindre. Dans les constellations qui tapissent ses joues, j’ai trouvé mon chemin pour rentrer. Dans la douceur de ses mots, j’ai trouvé une raison de plus de rester à la maison. Il y a son sourire qui pourrait faire fleurir toutes les tulipes du jardin dont j’avais oublié l’existence et ses mots qui rédigent le plus beau chapitre de mon roman. Il y a sa voix que j’entends dans tous les bruits du monde et son sourire qui me rappelle un doux dimanche matin d’avril. Il y a sa façon de s’en faire pour les gens qui l’entourent et sa manière d’aimer dans la liberté la plus rafraichissante.

J’ai arrêté de croire aux contes de fées il y a très longtemps et je ne pense pas que de faire de quelqu’un son chez-soi est la solution à tous les maux. Je dis juste que parfois après l’ouragan, des fois même pendant l’orage, c’est possible de trouver une main qui ne te laissera pas tomber. Un cœur, une paire de yeux, un sourire, une douceur qui va te rappeler que tu as le droit d’aimer et que ce n’est pas si difficile que ça de t’aimer en retour. Dans le chaos du monde, quelqu’un d’honnête va te rappeler ce que c’est de te sentir en sécurité en compagnie d’une autre âme que la tienne.

Et encore mieux que ça, si le tout vient à s’éteindre, peu importe la raison, tu existeras dans les cendres d’un amour vrai duquel auront découlé les plus beaux tableaux, les plus honnêtes mots et les plus réconfortantes danses. Aimer est l’art le plus accessible de tous.

Révisé par Julianne Roy


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